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Sommaire

I. DÉVELOPPEMENT ET INÉGALITÉS
A. UN DÉVELOPPEMENT SPECTACULAIRE
1. Le rattrapage de la Chine
2. Les nouvelles échelles de la puissance
B. DES INÉGALITÉS RÉGIONALES PERSISTANTES
1. « Trois Chine »
2. L’évolution de l’intégration des territoires chinois à la mondialisation
C. DE NOUVEAUX DÉFIS

II. DES RESSOURCES ET DES ENVIRONNEMENTS SOUS PRESSION
A. RESSOURCES
1. L’impact des transitions chinoises
2. Une pression accrue sur les ressources
B. ENVIRONNEMENT
1. L’impact du développement accéléré
2. Une prise de conscience politique ?

III. RECOMPOSITIONS SPATIALES : URBANISATION, LITTORALISATION, MUTATION DES ESPACES RURAUX
A. L’URBANISATION, LA MÉTROPOLISATION ET LEURS CONSÉQUENCES
1. Urbanisation
2. Métropolisation
B. LITTORALISATION
C. LES MUTATIONS DES ESPACES RURAUX
1. Mutations de l’agriculture chinoise
2. Recomposition des espaces ruraux

1gen g4 1

Manuel p.274-297

Introduction du thème conclusif

Image inaugurale p.274-275. Chongqing, l’ambition d’une « nouvelle Shanghai » pour la Chine intérieure- Le thème conclusif « La Chine : des recompositions spatiales multiples » remobilise les différentes notions abordées en seconde et en première. Il permet d’étudier les processus de réorganisations des espaces de vie (les villes, les métropoles, les campagnes) et de production (notamment ruraux) du territoire chinois en lien avec les transitions que connaît la Chine, pays marqué par son gigantisme, son régime politique autoritaire, son système économique en cours de libéralisation et son statut de grande puissance désormais largement insérée dans la mondialisation. Le rattrapage économique rapide de la Chine explique aussi qu’elle connaisse les mêmes évolutions et rencontre les mêmes défis que des pays plus anciennement développés.

Notions et vocabulaire à maîtriser à l’issue du thème et de la classe de première :

  • Recomposition : notion transversale à l’ensemble des thèmes.
  • Centralité, centre-périphérie, métropole/métropolisation, ville.
  • Espace productif, entreprise multinationale, chaîne de la valeur ajoutée, flux, production, système productif.
  • Espace rural, multifonctionnalité, fragmentation, périurbanisation, ruralité.

Introduction

Repères spatiaux. La Chine, un territoire immense + La Chine, les contrastes de développement- Dans ce thème, la Chine est abordée sous l’angle des recompositions spatiales multiples liées aux transitions qu’elle connaît avec son développement rapide. La Chine connaît en effet une urbanisation importante caractérisée par le poids croissant des métropoles, véritables interfaces entre un réseau urbain qu’elles polarisent de plus en plus[1] à l’échelle régionale et les réseaux internationaux supports de la mondialisation. Le pays connaît aussi depuis les débuts de son ouverture économique une littoralisation des espaces productifs dont les grands aménagements portuaires, concomitants au gigantisme croissant des navires, sont les meilleurs exemples. Enfin le développement chinois combiné à l’importance de la population chinoise, en exerçant une pression croissante sur les ressources, génère des mutations multiples des espaces ruraux : adaptation aux besoins des villes dont la population est croissante et les habitudes alimentaires en pleine transition et exploitation de territoires jusqu’ici en situation marginale, notamment au nord et à l’ouest du pays. Ces réorganisations sont le fruit des choix de développement chinois et des dynamiques à l’œuvre à l’échelle mondiale (accélération des transports, mondialisation financière, prise de conscience environnementale...). Le mode de développement actuel chinois tend à accroître des inégalités socio-spatiales déjà très présentes et fait peser une pression croissante sur les ressources en énergie, en eau et en nourriture, en dépit d’une prise de conscience récente.

Comment la Chine répond-elle aux enjeux des transitions et des mutations qui marquent son territoire dans un contexte de mondialisation ?

I. Développement et inégalités

Quels sont les effets territoriaux des choix de développement et de l’insertion de la Chine dans la mondialisation ?

A.    Un développement spectaculaire

1.     Le rattrapage de la Chine

Doc.3 p.281. Les transformations économiques et sociales en 10 ans- La Chine a connu un développement rapide depuis les années 1980, qui lui a permis de figurer parmi les pays émergents[2]. Son IDH s’est considérablement accru (0,758 en 2020 contre 0,5 seulement en 1990), grâce à une très forte croissance économique. Deuxième puissance économique mondiale, premier producteur industriel et exportateur, la Chine est un acteur incontournable de la mondialisation et elle opère un rattrapage sur les États-Unis -Chiffres p.280. Le rattrapage de la Chine.

Le développement chinois se fait sur fond de transition économique d’un modèle socialiste original[3] vers le capitalisme mondialisé, qui se traduit par la décollectivisation -Définition p.280 et l’ouverture aux investissements directs étrangers (IDE) « entrants » dans les années 1980[4]. L’accession à l’OMC -Lexique p.299 en 2001 a favorisé l’explosion des exportations chinoises et des IDE (« entrants ») dans une Chine devenue « l’atelier du monde ».

2.     Les nouvelles échelles de la puissance

Parallèlement, la Chine change d’échelle et se projette dans le monde extérieur. Le « rêve chinois » a pour ambition de donner le sentiment d’un destin en commun, et redonnerait à la Chine sa place centrale dans le monde, face à la superpuissance déclinante que seraient les États-Unis. Sa présence économique sur tous les continents, sa place dans la diplomatie internationale et son rayonnement culturel lui permettent de se poser en géant mondial, avec qui il faut dorénavant compter. L’intégration de la Chine à l’économie mondiale est également illustrée par l’envolée de ses IDE dans le monde (« sortants »), qui se traduisent par des rachats d’entreprises, d’infrastructures, ainsi que par les « nouvelles routes de la soie » -Lexique p.299 + doc.1 p.278. Les « nouvelles routes de la soie », une nouvelle phase de l’ouverture depuis 2013 + Dossier p.284-285. « Nouvelles routes de la soie », nouvelles ambitions.

B.    Des inégalités régionales persistantes

1.     « Trois Chine »

Doc.2 p. 279. Ouverture et recomposition du territoire- Les réformes radicales de l’ancien système socio-productif ont aggravé le morcellement du territoire chinois, avec des niveaux très disparates de modernisation et d’intégration à l’économie mondiale. Alors que les autorités avaient privilégié dans un premier temps le littoral, il leur a fallu répondre dès les années 1990 à des disparités régionales devenues insupportables par d’ambitieuses politiques d’aménagement du territoire[5], qui ont atténué les contrastes et conduit à un rapprochement du mode de vie des métropoles littorales et des grandes villes intérieures.

Les inégalités sont encore très fortes entre :

  • une Chine littorale industrialisée et bien intégrée dans la mondialisation grâce à ses métropoles (Hong Kong ou Shanghai)[6],
  • une Chine intérieure, cœur agricole et industriel traditionnel mais en déclin[7],
  • et une Chine de l’Ouest, marginalisée malgré ses nombreuses ressources[8].

2.     L’évolution de l’intégration des territoires chinois à la mondialisation

Mais ce découpage en « trois Chine » proposé par le géographe Thierry Sanjuan, tout en restant pertinent[9], est en train d’évoluer. D’abord limités à la Chine littorale (et d’abord au Sud), les impacts territoriaux de la politique d’ouverture gagnent peu à peu l’intérieur du territoire. Le développement a largement gagné les régions nord et centre du territoire chinois.

C.    De nouveaux défis

La Chine actuelle n’est plus celle de la période d’ouverture au système-monde, qui s’accompagnait d’une industrialisation et d’une modernisation socio-économique à marche forcée, profitant d’une croissance annuelle du PIB à deux chiffres. Aujourd’hui, au-delà de ses disparités régionales et sociales, la Chine rencontre aussi les défis des pays anciennement développés. Il s’agit désormais :

  • de réaliser une « montée en gamme » dans les secteurs industriels de pointe et les services, dotés d’entreprises capables d’innover et d’investir à l’étranger[10]-doc. 1 p.281. Les enjeux majeurs du plan Made in China 2025;
  • de rééquilibrer l’économie vers la consommation intérieure et les services.

Cependant, le contexte a changé avec le ralentissement de l’économie dont le taux de croissance est passé de 10,6% en 2010 à 6,9% en 2017. Afin d’en limiter les effets sur la production industrielle et l’emploi, les autorités multiplient les mesures visant à maintenir et à créer de l’activité.

II. Des ressources et des environnements sous pression

Comment la Chine répond-elle à la pression croissante sur les ressources dans un contexte de préoccupation de plus en plus marquée pour l’environnement ?

Le modèle de développement d’inspiration soviétique privilégiait, jusqu’aux années 1970, une industrie lourde polluante et dévoreuse en ressources naturelles. Le volontarisme idéologique a eu des coûts humains et environnementaux élevés. Le développement contemporain a fortement aggravé la situation en raison d’une industrialisation tous azimuts et d’une croissance urbaine très rapide, fragilisant les milieux et provoquant des pollutions devenues insupportables, voire de véritables catastrophes environnementales.

A.    Ressources

1.     L’impact des transitions chinoises

Les multiples transitions que connaît la Chine ont des conséquences très fortes :

  • La transition démographique chinoise, commencée dans les années 1940-1980, période pendant laquelle la population chinoise a doublé, a été encadrée de manière coercitive par des campagnes démographiques orientées vers le modèle de l’enfant unique, qui a contenu la croissance démographique chinoise (1,41 milliard d’habitants en 2018) -et posé en même temps le problème du vieillissement de la population. L’abandon progressif[11] de cette politique, officialisé en 2015 devrait permettre à la population chinoise de se stabiliser vers le milieu du XXIe siècle -doc.2 p.281. Relancer la natalité pour enrayer le vieillissement ?
  • La transition économique de la Chine vers le libéralisme économique s’appuie sur la masse de main-d’œuvre rendue disponible par la transition démographique -dividende démographique : notion p.280 et nourrit une hausse des revenus qui participe à une transformation des modes de consommation[12], également portée par l’ouverture croissante à la mondialisation. L’industrialisation et la tertiarisation de l’économie chinoise renforcent la transition urbaine -Chiffres p.286 en faisant des villes les moteurs de l’économie, les nouveaux bassins d’emplois.

2.     Une pression accrue sur les ressources

La transition urbaine, la hausse des revenus et la transformation des modes de consommation, plus que la croissance démographique, exercent une pression forte sur les ressources chinoises, qu’elles soient énergétiques, agricoles, hydriques.

  • Bien que le pays dispose déjà de ressources nationales importantes[13], pour faire face à la croissance des besoins en énergie, la Chine tente de sécuriser ses approvisionnements extérieurs -Notion p.290 en nouant des partenariats avec des pays producteurs d’hydrocarbures (Nigeria, Angola pour le pétrole, Australie pour le gaz naturel). Dans le secteur des hydrocarbures, le pays est de plus en plus dépendant des importations[14]. En 2030 en effet, d’après les prévisions de l’Agence Internationale de l’Énergie, les importations chinoises de pétrole et de gaz devraient représenter 80% et 50% de la consommation du pays.
  • Cette pression concerne aussi les ressources agricoles et explique le développement d’une agriculture intensive dans les provinces du centre qui a rendu infertile une partie importante des terres et réduit les capacités du pays à assurer son autosuffisance alimentaire. Le pays se tourne donc vers les importations alimentaires et l’accaparement des terres (landgrabbing), principalement sur le continent africain et en Asie du Sud-Est.
  • Les ressources hydriques sont également menacées par l’urbanisation et l’agriculture intensive -doc.7 p.291. Le Sud, la solution des problèmes d’eau du Nord ? Leur maîtrise devient donc un enjeu politique, économique et stratégique majeur pour le gouvernement chinois. L’eau risque à terme de manquer, notamment pour de grandes villes comme Pékin ou Tianjin. Face à ce danger, le gouvernement central organise la construction de barrages, dont le projet phare a été celui des Trois Gorges, et des détournements hydrauliques comme les voies médiane et orientale en construction qui doivent alimenter Pékin en eau provenant du Yangzi.

B.    Environnement

1.     L’impact du développement accéléré

Doc.3 p.279. L’impact écologique du développement accéléré- Au-delà de la pression sur les ressources, la croissance économique et démographique chinoise a également un impact sur les environnements à travers la très forte pollution générée par les activités économiques et l’essor des transports et qui touche à la fois l’atmosphère avec les smogs urbains -Chiffres p.290. Pollution de l’air, les nappes phréatiques dont plus de la moitié seraient contaminées, les mers et les sols. Les records de pollution atmosphérique atteints dans les villes chinoises et leurs impacts sur la santé préoccupent de plus en plus la population chinoise, d’autant que les dynamiques de métropolisation et de littoralisation concentrent les espaces productifs dans et à proximité des grandes métropoles. La Chine est le plus gros émetteur de gaz à effet de serre au monde depuis 2007[15].

Une telle dégradation environnementale a des conséquences sur la croissance économique et surtout sur la santé et le bien-être de la population. La pollution atmosphérique serait la cause de plusieurs centaines de milliers de décès prématurés par an depuis le milieu des années 2000. Le mécontentement croissant au sein de la société est devenu un enjeu politique que les autorités chinoises ne peuvent plus négliger.

2.     Une prise de conscience politique ?

Cependant, dans le contexte de prise de conscience des effets du changement climatique et de la responsabilité humaine dans le processus, le gouvernement chinois prend des engagements pour réduire significativement son impact sur le climat, notamment en signant l’accord de la COP21 (Paris) -Définition p.290 en 2015. La Chine diversifie son mix énergétique en faisant le choix d’énergies moins polluantes. Dossier p.292-293. La Chine face au défi de la transition énergétique- Elle se présente comme le leader international de l’énergie solaire et médiatise l’installation de parcs solaires dans des régions jusqu’ici en marge de la croissance économique car peu densément peuplées (plateau tibétain du Qinghai ou désert du Tengger en Mongolie intérieure par exemple). Elle a noué des partenariats avec de grandes entreprises étrangères productrices d’énergie nucléaire afin d’intégrer les technologies du nucléaire civil et de multiplier ses centrales.

La prise de conscience de la nécessité de favoriser un développement durable[16] -Lexique p.298 conduit aussi les autorités à multiplier les projets d’écocités -Définition p.290 + doc.6 p.391. Liuzhou Forest City, ville forestière anti-pollution en construction depuis 2017 dans la province du Guangxi + Sujet bac p.296. Analyser une carte et un texte.

III. Recompositions spatiales : urbanisation, littoralisation, mutation des espaces ruraux

Comment les dynamiques territoriales étudiées dans l’année et en seconde ont-elles transformé et recomposent encore le territoire chinois ?

A.    L’urbanisation, la métropolisation et leurs conséquences

1.     Urbanisation

La transition urbaine -Chiffres p.286, adossée à l’industrialisation et à la croissance démographique, s’est faite en une quarantaine d’années au profit d’un réseau dense de villes dominées par les métropoles de la Chine orientale, voire littorale. En 2010, le taux d’urbanisation chinois a dépassé les 50% et il s’accroît depuis. Le pays compte désormais quatre mégapoles (plus de 10 millions d’habitants). Le plan d’urbanisation publié en 2014 reconnaît l’effet structurant des métropoles en définissant 21 aires (« clusters urbains ») composées de villes centrales qui polarisent une hiérarchie de petites villes. De très vastes régions urbaines, réunissant plusieurs grandes agglomérations et leur réseau de villes satellites, ont vu le jour dans le delta du Yangzi, autour de Shanghai, dans le delta de la rivière des Perles, le long d’un axe Canton-Shenzhen-Hong Kong -doc. 4 p.287. Shenzhen, du village de pêcheurs à la « Silicon Valley » chinoise et, dans le Nord, avec la conurbation -Définition p.286 Pékin-Tianjin. Elles regroupent chacune plus de vingt millions d’habitants, se rangent parmi les plus grandes concentrations urbaines du monde et constituent les principaux moteurs du développement économique et industriel du pays. Le tableau des classifications urbaines décidées par l’État chinois en 2014 souligne l’importance et des caractères de l’urbanisation en Chine : la ville moyenne chinoise compte entre 500 000 et 1 million d’habitants[17].

2.     Métropolisation

D’un point de vue paysager, la métropolisation s’est traduite à l’échelle locale par des dynamiques généralisées de verticalisation (gigantesques tours d’habitat collectif, gratte-ciel de bureaux) mais aussi de périurbanisation (villes nouvelles toujours mieux reliées à la ville-centre). Les villes-centres deviennent des vitrines de modernité, elles se tertiarisent, elles voient le secteur immobilier exploser et elles rejettent en périphérie les unités industrielles polluantes et les quartiers défavorisés. La métropolisation se traduit donc par un accroissement des inégalités intra-urbaines, cachées derrière des statistiques qui sous-estiment la force de l’exode rural malgré la volonté du gouvernement d’encadrer les migrations intérieures (système du hukou).

Les métropoles chinoises (y compris celles de l’intérieur sont les portes d’entrée de la mondialisation. Pékin, Hong Kong et Shanghai jouent un rôle d’entraînement dans le développement du pays tout en restant très complémentaires :

  • Pékin, en tant que capitale nationale, se spécialise dans les fonctions politiques et administratives qui lui assurent un rayonnement national.
  • Hong Kong, qui a longtemps eu le monopole de l’ouverture économique, se spécialise dans les services de qualité aux entreprises chinoises et étrangères et abrite une des plus importantes bourses mondiales.
  • Dossier p.288-289. Shanghai, métropole de l’ouverture sur le monde- Shanghai est la métropole la plus attractive de Chine, premier port mondial grâce à sa situation exceptionnelle au centre du littoral chinois et à l’embouchure du Yangzi et parce que le pouvoir en a fait la vitrine de ses réformes depuis la fin des années 1980 (Nouvelle Zone de Pudong, construction du port en eaux profondes de Yangshan à partir de 2000). Le développement de Shanghai s’appuie désormais sur les synergies qu’elle entretient avec les villes du delta (Suzhou, Nankin) et du bassin du Yangzi.

Ces synergies métropolitaines sont renforcées depuis les années 2010 par la construction d’un dense réseau de lignes à grande vitesse (Pékin-Shanghai en 5 heures dès 2011) qui passe de 700 km en 2007 à 23 000 km en 2016. La Chine possède les deux tiers du réseau mondial de lignes ferroviaires à grande vitesse -doc.2 p.279. Ouverture et recomposition du territoire + Dossier p.282-283. Aménager la Chine à grande vitesse. En effet, clé de voûte de l’aménagement du territoire et des échanges, les transports sont une grande priorité pour relier les grandes métropoles, de désenclaver les provinces intérieures et périphériques, de réduire les inégalités territoriales. Depuis les années 2000, ils bénéficient d’un puissant financement public.

B.    Littoralisation

Doc.2 p.279. Ouverture et recomposition du territoire- Le développement spectaculaire de Shanghai est emblématique de la littoralisation des activités induite par l’ouverture de la Chine à la mondialisation. Les lieux connectés aux réseaux internationaux se sont longtemps concentrés sur les côtes, initialement méridionales, puis sur l’ensemble des côtes orientales. Or les autorités chinoises ont soutenu ces régions au détriment de l’intérieur du pays, accroissant le différentiel régional. Ce littoral composé de toutes les régions côtières auxquelles on ajoute traditionnellement Pékin ne représente qu’une part mineure du territoire national mais presque la moitié de la population ; il est responsable de plus de la moitié du PIB chinois et attire la majeure partie des exportations et des investissements des entreprises étrangères.

Néanmoins, l’observation de l’implantation des FTN étrangères en Chine (Walmart, Carrefour…) prouve que l’intégration des provinces chinoises à la mondialisation se diffuse de plus en plus vers l’intérieur, sous l’effet de la saturation des espaces métropolitains littoraux, de l’augmentation des prix du foncier et de la concurrence à laquelle les régions se livrent pour attirer les investissements. La distinction entre littoral et intérieur commence à s’affaiblir.

C.    Les mutations des espaces ruraux

1.     Mutations de l’agriculture chinoise

Paragraphe B p.286. Mutations de l’agriculture et des espaces ruraux- Nourrir 20,5% de la population mondiale en bénéficiant seulement de 9% de la surface labourable et 6,5% des ressources en eaux de la planète constitue un défi, que la Chine réussit à le relever grâce à une hausse des rendements, rendue possible par une importante utilisation d’engrais, de pesticides et par des innovations techniques.

La Chine connaît, comme tous les pays développés, une baisse significative de sa population active agricole et de la part de l’agriculture dans le PIB (l’agriculture emploie aujourd’hui 28% de la population active et produit 9% du PIB). Premier producteur mondial de riz, de blé, de porcs et de volailles, deuxième producteur de maïs, la Chine satisfait en partie les besoins alimentaires de sa population, dans un contexte de transition alimentaire : baisse de la consommation de riz, céréale indissociable de la culture chinoise, au profit de plus de viande, de produits laitiers, de sucre, d’huiles végétales et de boissons alcoolisées.

2.     Recomposition des espaces ruraux

Dans ces conditions, les espaces ruraux sont eux aussi en pleine réorganisation. Les campagnes chinoises sont fragmentées, en fonction d’une part de la place de l’agriculture et, d’autre part, de leur distance et de leur accessibilité à la ville. Les espaces ruraux les moins connectés sont ceux qui cumulent les indicateurs de pauvreté. Plusieurs types d’espaces ruraux peuvent ainsi être identifiés en fonction de leurs articulations aux polarités urbaines :

  • Les anciennes campagnes périurbaines gagnées par l’industrialisation, les équipements urbains, et de plus en plus les opérations immobilières et les espaces de loisirs, sont absorbées par la ville.
  • Les périphéries agricoles ayant réorienté leur production en fonction du marché urbain (volailles, légumes, fruits, fleurs) sont chassées toujours plus loin par l’extension urbaine.
  • Les espaces ruraux industrialisés pleinement intégrés à l’économie urbaine et aux marchés locaux, nationaux, voire internationaux, voient se multiplier les noyaux urbains -doc.5 p.287. Une ville nouvelle à la campagne pour désengorger Pékin- et les infrastructures de production industrielle ou de transports indispensables au développement économique.
  • Les campagnes à la marge, alimentant en hommes les pôles de dynamisme économique, maintiennent plus aisément des productions de base qu’elles ne diversifient leur orientation économique, à cause d’une faible liaison à l’économie de marché.
  • Les espaces ruraux éloignés enfin, enclavés, mal reliés à la ville comme au marché, sont des espaces répulsifs et pauvres.

Conclusion

Réalisation d’un croquis : « La Chine, organisation du territoire et recompositions spatiales » -S’entraîner au bac p.294-295.

Conclusion

Sujets bac p.294-296

Réviser pour le bac p.297


[1] Cf. les villes nouvelles pour tenter de maîtriser la croissance démographique de Shanghai.

[2] Parmi les diverses catégories d’émergents, elle appartient aux BRICS (Brésil, Russie, Inde, Chine, Afrique du Sud), catégorie aussi commode que discutable tant elle réunit des pays aux situations diverses.

[3] Un modèle mis en œuvre par Mao Zedong (« maoïsme »), qui dirigea la Chine de 1949 à sa mort en 1976.

[4] Cette transition est initiée par Deng Xiaoping, le successeur de Mao Zedong, qui dirigea la Chine de 1978 à 1992 et adopta le modèle de « socialisme de marché » (sic).

[5] Cf. grands travaux du bassin du Yangzi, politique de développement de l’Ouest, multiplication et densification du réseau de lignes à grande vitesse, nouvelle route terrestre de la Soie…

[6] Sur 14% de la superficie du pays, le littoral totalise 45% de la population, une densité démographique 3,4 fois supérieure à la moyenne nationale, 58% du produit intérieur brut, 83% des investissements directs étrangers et 86% des exportations en 2016.

[7] L’intérieur enregistre de fortes densités démographiques avec 1,5 fois la densité moyenne nationale sur 30% du pays, mais un volume de production faible proportionnellement à sa population (34% du PIB de la Chine pour 44% de sa population) et une ouverture économique qui, malgré son retard, s’est nettement améliorée ces dernières années : 14% des IDE et 10% des exportations.

[8] L’Ouest réunit toutes les provinces ou régions autonomes intérieures où les nationalités minoritaires ont un poids démographique égal ou supérieur à 20% de la population. Il représente 56% du territoire chinois, mais seulement 11% de sa population, 8% de son PIB, 2% de ses IDE et 2% de ses exportations.

[9] Les inégalités entre les provinces de ces « trois Chine » persistent à travers autant d’indicateurs que l’IDH, l’accès aux soins ou l’espérance de vie (5 ans d’écart entre les provinces littorales et celles de l’ouest). En 2016, si les municipalités de Beijing, Shanghai et Tianjin affichaient un PIB par habitant proche de celui du Portugal, le Guizhou, le Yunnan et le Gansu étaient à peine plus riches que la Namibie.

[10] Cf. le lancement en 2015 du projet « Made in China 2025 » -doc. 1 p.285. Les enjeux majeurs du plan Made in China 2025.

[11] Par exemple, dès 1984, l’État autorise un deuxième enfant en milieu rural, si le premier est une fille.

[12] Transition alimentaire, explosion du parc automobile…

[13] Cf. gisements de charbon, d’hydrocarbures (Xinjiang, Mongolie intérieure) et d’uranium et barrages hydroélectriques (barrage des Trois Gorges).

[14] …ou en faisant pression sur ses voisins pour le partage des ressources offshore de la mer de Chine orientale (tensions avec le Japon pour l’archipel des îles Senkaku) et méridionale (avec le Vietnam pour l’archipel des îles Paracels)

[15] En 2017, ses émissions ont dépassé les 10 milliards de tonnes, soit un peu plus que les émissions américaines et européennes réunies et 27 % des émissions mondiales.

[16] Cf. ce dossier sur le site de France-Culture.

[17] Rappel : en France, l’INSEE considère qu’une ville moyenne a une population comprise entre 20 000 et 100 000 habitants.

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