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Sommaire

INTRODUCTION / ÉTUDE DE CAS : LE DÉTROIT DE MALACCA, UN POINT DE PASSAGE MAJEUR ET STRATÉGIQUE
A. UN PASSAGE STRATÉGIQUE MAJEUR ET UN VECTEUR ESSENTIEL DE LA MONDIALISATION
B. UN ESPACE DE TENSION ENTRE DIFFÉRENTS ACTEURS
BILAN
I. MERS ET OCÉANS : VECTEURS ESSENTIELS DE LA MONDIALISATION
A. UN SUPPORT POUR DES FLUX MATÉRIELS ET IMMATÉRIELS TOUJOURS PLUS MASSIFS
1. Flux matériels
2. Flux immatériels
B. DES RESSOURCES ABONDANTES
1. Ressources halieutiques
2. Ressources énergétiques
3. Ressources minérales
Conclusion
II. MERS ET OCÉANS : ENTRE APPROPRIATION, PROTECTION ET LIBERTÉ DE CIRCULATION
A. APPROPRIATION ET LIBERTÉ DE CIRCULATION
1. La territorialisation des espaces maritimes
2. Les ZEE, objet de litiges entre États côtiers
3. Préserver la liberté et la sécurité de navigation
B. PROTECTION
1. Une prise de conscience croissante
2. Des mesures salutaires, mais tardives et limitées
CONCLUSION

tgen g1 1 

Manuel p.22-73

Introduction / Étude de cas : le détroit de Malacca, un point de passage majeur et stratégique

Étude de cas p.28-29- Par sa nature même de détroit, c’est-à-dire un passage maritime étroit (jusqu’à 24 milles marins[1]) entre deux terres faisant communiquer deux étendues marines, et par sa situation entre océans Indien et Pacifique, le détroit de Malacca est un point de passage stratégique des principales voies maritimes. Le détroit et plus spécialement le « virage » de Singapour sont la porte de l’Extrême-Orient.

Étudier le détroit de Malacca permet d’aborder et de comprendre les enjeux (volonté d’appropriation, exploitation, liberté de circulation) dont sont porteurs les mers et les océans en tant que vecteurs de la mondialisation mais également en tant qu’espaces en tension entre divers acteurs.

Pourquoi le détroit de Malacca est-il un espace stratégique de la mondialisation ?

A.    Un passage stratégique majeur et un vecteur essentiel de la mondialisation

La consultation d’une carte des routes maritimes -carte 2 p.28. Au cœur des routes du commerce mondial ou du trafic maritime en temps réel[2] montre la concentration du trafic maritime dans les détroits, notamment celui de Malacca :

Dans ces conditions, le détroit de Malacca, point de passage majeur, apparaît comme un vecteur essentiel de la mondialisation du fait de la maritimisation des échanges. Les estimations oscillent entre un tiers et la moitié du commerce maritime mondial qui passe par ce détroit, soit entre 70 000 et 90 000 navires qui, chaque année, empruntent dans les deux sens ce couloir maritime. L’augmentation du trafic dans le détroit s’explique par la fonction productive jouée par l’Asie orientale à l’échelle mondiale, qui alimente :

L’importance du détroit se traduit par la densité des infrastructures portuaires sur ses rives : le détroit de Malacca abrite plusieurs des plus grands ports à conteneurs d’Asie du Sud-Est, à commencer par Singapour (deuxième rang mondial derrière Shanghai) -doc.1 p.28. Navires en attente devant le port de Singapour. Comme le détroit de Malacca n’est pas seulement un point de passage majeur du commerce maritime mondial, mais aussi le lieu d’un intense commerce intrarégional asiatique, Singapour, la Malaisie et l’Indonésie ont initié une coopération régionale qui s’ancre localement à travers deux triangles de croissance (triangle nord et triangle SIJORI -Singapour/Johore/Riau- au sud[3]) qui exploitent le détroit à la fois comme passage maritime longitudinal, mais aussi comme mer intérieure parcourue de divers flux méridiens.

La question de sa sécurisation est une préoccupation forte dans une zone de piraterie/brigandage. Mais, plus que la piraterie de brigandage, la menace directe sur le détroit est simplement la congestion maritime, tant ce couloir maritime est emprunté (« choke point », ou « goulet d’étranglement »). La fluidité de cette voie stratégique pourrait être remise en cause si l'on dépasse 100 000 transits annuels. Cela pourrait contribuer à relancer un projet chinois déjà ancien, celui d’un canal sur l’isthme de Kra (Thaïlande)[4].

B.    Un espace de tension entre différents acteurs

Les détroits internationaux ont également une importance géopolitique et une dimension géostratégique particulière. En effet, dans les détroits reconnus internationaux comme celui de Malacca, les enjeux concernent non seulement les États riverains, mais aussi les États utilisateurs, parfois très éloignés, et les compagnies maritimes. Il en résulte que les États riverains ne peuvent aménager et gérer ces espaces sans tenir compte du droit international : ils ne peuvent ni restreindre leur franchissement à des navires étrangers, ni imposer des taxes aux navires empruntant ces détroits.

Les enjeux à considérer ne sont pas les mêmes pour les États riverains d’une part et les États utilisateurs d’autre part :

Carte 4 p.29. Malacca, un détroit stratégique- D’où une répartition des rôles, la Malaisie, l’Indonésie et Singapour coopèrent pour assurer la sécurité du trafic maritime, suivant deux orientations principales :

Les grandes puissances mondiales ont des intérêts économiques importants dans le maintien de la libre circulation dans le détroit de Malacca :

En dépit de la nécessité de gérer en commun le détroit de Malacca, les concurrences entre les États riverains sont vives. Si Singapour reste le port majeur de la région et un des premiers mondiaux -doc.1 p.28. Navires en attente devant le port de Singapour, la politique de modernisation des infrastructures portuaires de la Malaisie porte ses fruits : Port Klang, situé à 40 km de Kuala Lumpur, Tanjung Pelepas au sud du détroit et Penang au Nord connaissent des taux de croissance importants et entrent progressivement en concurrence avec Singapour, grâce à des coûts de manutention inférieurs de moitié et une moindre saturation. Ces atouts ont permis à Tanjung Pelepas d’attirer deux grands armateurs (le Danois Maersk Seeland et le Taïwanais Evergreen Marine -doc.8 p.39), lesquels y ont transféré toutes leurs activités auparavant implantées à Singapour.

Bilan

Ainsi, l’étude du détroit de Malacca illustre ce qu’écrit le géographe Antoine Frémont : « les détroits sont des concentrés d’espace maritime sur une surface très limitée » en étant représentatifs de la maritimisation de l’économie dans la mondialisation. Stratégiquement, le détroit de Malacca demeure encore actuellement ce que l’amiral Afonso de Albuquerque (1453-1515), définissait comme un des trois verrous pour être « le maître des portes de l’océan ».

I. Mers et océans : vecteurs essentiels de la mondialisation

Pourquoi les mers et océans constituent-ils des ressources et des supports majeurs de la mondialisation ?

Repères p.38-39. Le transport maritime, vecteur de la maritimisation des économies ? Les possibilités de mise en contact engendrées par les mers et les océans d’une part et les ressources qu’ils abritent d’autre part ont fait des mers et des océans des espaces stratégiques à l’échelle mondiale.

A.    Un support pour des flux matériels et immatériels toujours plus massifs

Les mers et océans jouent un rôle essentiel dans la mise en relation croissante des différentes parties du monde grâce à sa fonction de support de flux matériels et immatériels toujours plus massifs.

1.     Flux matériels

Les mers et les océans offrent de nombreux avantages pour le transport des marchandises : liberté de circulation entre les différentes parties du globe, faiblesse des coûts[7], fiabilité et régularité du transport maritime. Il en résulte une croissance incessante des échanges internationaux par voie maritime, qu’il s’agisse des matières premières ou des biens manufacturés : Le transport maritime achemine aujourd’hui 85% du commerce international des marchandises en volume (70% en valeur). C’est dans ce contexte d’internationalisation des systèmes de production et de distribution (DIT) que s’inscrivent les processus de maritimisation (degré de dépendance croissant d’une économie aux mers et océans) -Notion p.39, schéma p.40 et de littoralisation (concentration des populations et des espaces productifs sur les littoraux) des économies[8].

Cette croissance s’est accompagnée d’une révolution du transport maritime : les mers et océans sont parcourus par des navires toujours plus gros, plus rapides et plus spécialisés. Les porte-conteneurs sont devenus le symbole de cette révolution et de la phase actuelle de la mondialisation -Doc.8 p.39. Le commerce mondial par conteneur + Dossier p.48-49. CMA-CGM, 4e compagnie mondiale de transport maritime.

Dans la géographie mondiale qui se dessine à travers les circulations des porte-conteneurs et des navires spécialisés (hydrocarbures, céréales…), les routes maritimes mettent en relation les pôles majeurs de production et de consommation via les principaux ports d’Europe, d’Amérique du Nord d’Asie orientale[9] -Carte 1 p.44. Le transport maritime véhicule la mondialisation. Les routes Est-Ouest, Asie orientale-Europe, transpacifique et transatlantique, supportent les volumes les plus importants et les plus variés car elles relient les trois pôles principaux de l’économie mondiale qui concentrent. Les quantités transportées par de très grandes compagnies sur les routes maritimes Nord-Sud et Sud-Sud, entre pays développés et en développement ou entre pays en développement, ne cessent d’augmenter, et reflètent les contrastes d’une mondialisation inégale entre territoires plus ou moins intégrés au processus[10], et de manière plus ou moins profitable -Actu Géo p.43. Tanger Méd, premier port de la Méditerranée

De ce fait, les routes maritimes sont concentrées et empruntent des détroits -Définition p.42 et les canaux maritimes -Définition p.42 qui sont des « choke points » et des points de passage stratégiques où les enjeux locaux régionaux et mondiaux s’entremêlent. Le passage des navires peut être remis en cause par la piraterie, une attaque terroriste, un blocus…

Certains détroits se situent sur les plus grandes routes maritimes mondiales et constituent des points de passage stratégiques. En effet :

Les canaux de Suez -Dossier p.46-47 et de Panama évitent les longs détours commerciaux[11] :

2.     Flux immatériels

La modernisation des communications a aussi, dès le XIXe siècle, utilisé les mers et les océans pour faire passer des réseaux de câbles sous-marins. Des câbles télégraphiques du milieu du XIXe siècle jusqu’aux câbles en fibre optique contemporains, ils traversent les espaces maritimes, conférant une réelle matérialité à nos réseaux de communication.

Carte 2 p.45. Les câbles sous-marins, supports de la mondialisation de l’information- Les flux d’informations transitent par les câbles sous-marins qui acheminent d’un continent à l’autre presque instantanément et à très bas coûts via l’Internet[12] des flux de plus en plus massifs de données (voix, images, vidéos, textes, transactions financières[13]…). La géographie de ce réseau sous-marin, déployé par une poignée de FTN[14], révèle un monde inégalement connecté avec une domination des pôles nord-américain, européen et est-asiatique de la mondialisation et une dépendance de l’Amérique du Sud et de l’Afrique : les tracés des câbles sous-marins présentent d’importantes similitudes avec ceux des principaux flux maritimes.

Les communications par câbles sont à la fois plus rapides, plus rentables et plus sûres que par satellites… même si les révélations d’Edward Snowden[15] ont montré l’ampleur des écoutes opérées par la NSA et d’autres services de renseignements sur le réseau de câbles mondiaux. En effet, la maîtrise de ces réseaux sont des enjeux stratégiques pour les États dans le cadre de la concurrence économique et politique qu’ils se livrent entre eux -Actu Géo p.41. Un gigacable à travers le Pacifique.

B.    Des ressources abondantes

1.     Ressources halieutiques

Carte 3 p.45. Mers et océans, réservoirs de ressources- Avec 71% de la surface terrestre et un volume de 1320 millions de km3, les océans constituent la plus grande réserve et la plus grande masse biologique mondiale, loin devant les continents. Les ressources halieutiques -Lexique p.319 permettent à l’heure actuelle de nourrir un milliard d’hommes dans le monde et fournissent du travail à des dizaines de millions d’actifs, tant dans la pêche artisanale que dans la pêche industrielle. La pêche mondiale connaît une augmentation très forte depuis 1950[16]. Dans ce total, les deux tiers sont destinés à la consommation humaine (pêche alimentaire), le tiers restant à des fins industrielles (pêche minotière, pour les farines, l'huile et les colles).

2.     Ressources énergétiques

Les ressources énergétiques sont nombreuses et prometteuses dans les espaces maritimes.

a.       Les hydrocarbures offshore (liquides et gazeux)

Nées au large des côtes californiennes en 1887, les premières exploitations offshore -Offshore : définition p.40 sont ensuite expérimentées dans le golfe du Mexique en 1934. Les progrès décisifs ne sont enregistrés que dans les années 1970, car :

Doc.5 p.53. Les hydrocarbures offshore- L’exploitation offshore représente aujourd’hui 30% de la production mondiale de pétrole et 27% de celle de gaz, et les réserves sont estimées respectivement à 20 et 30% des réserves mondiales. On distingue traditionnellement l’offshore classique (faibles profondeurs), l'offshore profond (au-delà de 1 000 m de profondeur), l'offshore ultra profond (au-delà de 1 500 m), et trois types de plateformes.

Outre le golfe du Mexique, les forages se multiplient alors en mer du Nord (Écosse, Norvège), qui devient rapidement la principale zone d'extraction. Cette technologie est maintenant largement employée aussi bien au Moyen-Orient dans le golfe Persique, qu'en Asie du Sud-Est, au nord-ouest de l'Australie ou au large du Brésil, de l'Afrique de l'Ouest et de l'Inde. À l'heure actuelle plus de 700 stations offshore sont en service dans le monde.

Le transport du pétrole se fait par pipelines et/ou par tankers. En revanche le transport du gaz a posé longtemps d'immenses problèmes logistiques[18]. La situation a totalement changé avec la création d'une flotte de navires gaziers qui transportent le gaz, sous la forme de gaz propane liquéfié (GPL), ou de gaz naturel liquéfié (GNL), permettant de diminuer le volume jusqu'à 800 fois.

b.      Des ressources énergétiques renouvelables

L’éolien marin est en pleine expansion -doc.6 p.53. Développement de l’éolien offshore, surtout en Europe[19].

D’autres sources d’énergie marines sont potentiellement exploitables (vagues, courant, marée, différentiels de température entre eaux de surfaces et eaux profondes), et le potentiel énergétique renouvelable de l’océan mondial est énorme[20].

3.     Ressources minérales

Enfin, mers et océans renferment également des ressources minérales qui attisent les convoitises des compagnies d’extraction minière :

Ces ressources restent encore largement inexploitées. Les techniques de ramassage des nodules existent à titre expérimental mais leur rentabilité industrielle est très incertaine[21]. Les minéralisations hydrothermales, contrairement aux nodules, présentent l'avantage d'être peu dispersées, d'où des potentialités de ramassage plus rentables, mais elles n'ont pas été tentées pour l'instant.

Conclusion

Producteurs de matières premières et d’énergies, les espaces maritimes sont exploités dans le cadre de filières industrielles présentant un haut degré de maîtrise technologique : la pêche industrielle, l’offshore pétrolier ou gazier, l’offshore éolien, la construction navale, la biogénétique... Ces filières sont contrôlées par des firmes transnationales très largement issues des pays développés. La maîtrise des flux et l’exploitation des ressources maritimes reflètent donc les inégalités de la mondialisation en confortant les puissances établies, même si de nouvelles voient le jour telle la Chine[22]. Mers et océans, à travers l’exploitation des ressources dont ils regorgent sont donc des reflets de la mondialisation et de l’inégale intégration des territoires qui lui est associée.

II. Mers et océans : entre appropriation, protection et liberté de circulation

Comment les mers et les océans sont-ils au cœur des relations et rivalités renouvelées entre des acteurs multiples ?

En tant qu’espaces vecteurs de transport et zones pourvoyeuses de richesses, les mers et les océans sont aussi l’objet de tensions fortes entre volonté d’appropriation de la part des États, principe de liberté de circulation et prise de conscience de leur nécessaire protection.

A.    Appropriation et liberté de circulation

1.     La territorialisation des espaces maritimes

Après une première codification par les quatre conventions de Genève de 1958[23], la Convention des Nations Unies sur le droit de la mer (CNUDM), adoptée en 1982 à Montego Bay -Définition p.54, entre en vigueur en 1994. Elle accélère le découpage et la territorialisation des espaces maritimes, selon un principe simple : plus on est proche des côtes d’un État, plus les droits souverains sont importants -La notion en schéma p.54[24].

Le phénomène de mondialisation a donc renforcé le processus d’appropriation des espaces maritimes : 35% du domaine maritime mondial ont été appropriés par les États, dont certains possèdent d’immenses espaces maritimes[28] -doc.3 p.52. Les ZEE. Néanmoins,

2.     Les ZEE, objet de litiges entre États côtiers

La délimitation des zones économiques exclusives est la source principale de litiges entre les États littoraux. En effet si la CNUDM définit des principes de délimitation, il appartient aux États de s’entendre sur le tracé réel[29]. Par exemple, en mer de Chine méridionale -Étude de cas p.30-33. Mer de Chine méridionale, une mer disputée ?, la rivalité est forte notamment pour les Spratleys et les Paracels entre la Chine, la Malaisie, le Vietnam, les Philippines et le Brunei. La Chine, afin de renforcer sa position (la ZEE étant établie autour d’îlots habités), a massivement poldérisé et militarisé les éléments sur lesquels elle est établie dans ces deux archipels, comme par exemple Fiery Cross Reef[30].

3.     Préserver la liberté et la sécurité de navigation

La volonté de maintenir la sécurité et la sûreté de la navigation -Définition p.54 conduit à des initiatives diverses, comme la lutte contre la piraterie, concentrée en certains endroits du globe particulièrement fréquentés par les routes maritimes et bordés par des États fragiles[31]. Cette lutte est de plus en plus assurée par des coalitions internationales -ActuGéo p.55. Golfe de Guinée : lutter contre la piraterie.

La maîtrise et la surveillance des mers, assurées par les États les plus impliqués dans la mondialisation, sont des enjeux de puissance, qui nécessitent une capacité de projection (porte-avions, sous-marins nucléaires, etc.). Seuls les États-Unis ont la capacité d’intervenir en tout point du globe -Repère 1 p.52. L’US Navy est déployée partout ; loin derrière eux, on trouve des puissances plus modestes, mais parmi lesquelles l’Inde et la Chine qui, en développant leur marine de guerre et en se dotant de bases militaires, s’affirment comme des puissances montantes -Repère 2 p.52. Le top 8 des flottes marines + carte 1 p.58. États-Unis, Chine, France : trois puissances navales dans le monde.

B.    Protection

1.     Une prise de conscience croissante

Les mers et les océans sont des espaces à la très riche biodiversité qui jouent un rôle de régulateur climatique au niveau mondial. Ils font l’objet d’une prise de conscience croissante quant à la nécessité de les protéger des pollutions qu’ils reçoivent (80% des pollutions océaniques sont d’origine terrestre) -Dossier p.62-63. Le « continent plastique », le 7e continent, du changement climatique et des catastrophes plus ou moins médiatisées (marées noires) qui accompagnent leurs usages par l’homme.

Cependant, la pêche industrielle -Lexique p.318 ratisse les mers du globe pour répondre à la demande croissante des consommateurs des pays riches et émergents, ce qui a pour effet :

Devant l'épuisement des ressources « sauvages », on a de plus en plus recours à l'aquaculture[33], censée régler les questions de gestion de stocks (renouvellement de la ressource), mais en réalité l’élevage de poissons nécessite un apport alimentaire essentiellement fourni par de la farine de poissons eux-mêmes pêchés, ce qui ne fait que reposer différemment la question de la surpêche.

À cet effet, des ONG mènent des actions, comme Greenpeace ou Sea Shepherd Conservation Society, sous la forme d’abordages de bateaux de pêche industrielle, de campagnes de sensibilisation à la nécessaire protection des mers et des océans -doc.3 p.61. Un océan à préserver : l’appel des ONG.

2.     Des mesures salutaires, mais tardives et limitées

De plus en plus d’États prennent des mesures pour mettre en place une utilisation raisonnée :

Néanmoins, les progrès sont encore limités et demeurent globalement trop lents au regard de la rapidité de la dégradation de la situation (Cf. lenteur du déploiement des EMR), et il reste difficile de concilier exploitation et préservation des milieux maritimes.

Conclusion

Révisions p.64-67

Sujets Bac p.68-73


[1] 1 mille marin = 1,852 km

[2] https://www.marinetraffic.com/

[3] Cf. http://www.gis-reseau-asie.org/fr/le-detroit-de-malacca-une-mer-interieure

[4] NB : pour la Chine, un tel projet ne répondrait pas seulement à l’engorgement du canal de Malacca…

[5] En coopération avec la fédération internationale des armateurs, ils créent également en février 1993 à Kuala Lumpur un centre régional de lutte contre la piraterie.

[6] Cf. stratégie dite du « collier de perles », qui se conjugue avec le déploiement des « nouvelles routes de la soie ». Ce changement d’échelle des ambitions chinoises se traduit également par des tensions en mer de Chine méridionale -Étude de cas p.30-33. Mer de Chine méridionale, une mer disputée ?

[7] 1/ Le rapport volumes transportés / coût énergétique est infiniment plus faible que pour le transport terrestre ou aérien ; 2/ en dehors des ports et de certains passages stratégiques, le coût en infrastructures est également plus modeste que les transports terrestres.

[8] À consulter, un ensemble d’infographies sur le site d’Arte.

[9] Comme Singapour, ces ports constituent des hubs à différentes échelles.

[10] Dans le programme de première, nous avons appris l’importance du rôle des façades maritimes -La notion en schéma p.42 dans la DIT et dans la hiérarchisation de l’espace mondial.

[11] Les deux États qui les contrôlent, l’Égypte et le Panama, en tirent d’importants revenus grâce aux péages acquittés par les navires. Leur modernisation récente a été vitale pour conforter leur place sur les grandes routes maritimes mondiales.

[12] Plus de 90% des liaisons Internet passent par les câbles sous-marins.

[13] Plus de 10 trillions de dollars transitent chaque jour via ces câbles.

[14] Principalement Alcatel (France), Nec (Japon), Huawei (Chine).

[15] Pour approfondir ou vous rafraîchir la mémoire, consultez cette courte biographie par Brut..

[16] De 20 MT en 1950 à 140 MT en 2015.

[17] Initialement à 3 $, le baril de pétrole est passé à 12$ en 1973 et à 35 $ en 1979.

[18] Jusqu’aux années 1980, il était généralement brûlé dans des torchères lorsque les marchés de consommation étaient lointains, comme c'était le cas pour le golfe Persique

[19] L’Europe concentre près de 95% de la puissance installée (essentiellement au Royaume-Uni et au Danemark).

[20] Certains l’estimant à 100 000 milliards de kWh, dont 20 000 milliards seraient exploitables avec les technologies actuelles, sous forme éolienne pour 12 000 milliards de kWh.

[21] Trois systèmes sont en concurrence, mais aucun n'a encore prouvé sa rentabilité industrielle. Le premier est une noria à godets installée sur un câble de 14 km de longueur disposé entre deux navires. Un autre système fonctionne avec un engin circulant sur le fond de l'océan qui aspire les nodules dans un tuyau (par injection d'air ou d'eau). Le dernier système est le ramassage directement sur le fond par des engins autonomes qui, une fois chargés, remonteraient en surface pour délivrer leur récolte.

[22] Cf. « Chine : la puissance et le (non) droit », Le Dessous des Cartes, Arte, septembre 2022.

[23] Sur la mer territoriale, le plateau continental, les activités de pêche et la conservation des ressources biologiques en haute mer.

[24] NB : la CNUDM n’est pas le seul traité maritime, des accords spécifiques sont également conclus dans le cadre de l’Organisation maritime internationale (OMI). Cette institution spécialisée des Nations Unies, chargée d’assurer la sécurité et la sûreté de la navigation maritime et de prévenir la pollution des mers, regroupe, elle, la totalité des États côtiers du monde.

[25] Les rades, les baies, les ports qui sont en-deçà du trait de côte forment les eaux intérieures, qui ont un régime juridique identique au territoire terrestre, avec une pleine souveraineté pour l’État. Il s’agit du seul espace maritime où l’État dispose de la pleine souveraineté politique.

[26] Il ne s’agit toutefois que de droits souverains et d’un exercice de juridiction et non d’une souveraineté pleine et entière. Les autres États y bénéficient, par conséquent, des libertés de navigation (« droit de passage inoffensif »), de survol ou de poser des pipelines et des câbles sous-marins. La limite des eaux territoriales ne constitue donc pas une frontière au sens terrestre du terme. L’État peut néanmoins garantir sa sécurité, y compris environnementale, en imposant des réglementations aux navires qui exercent leur droit de passage.

[27] La plate-forme continentale ou plateau continental est un replat marin à pente faible, compris entre le littoral et le talus continental qui plonge vers des profondeurs voisines de 200 m. Sa largeur peut osciller de quelques kilomètres à plus de 1 000 km. Son modelé hérité de formes terrestres immergées est soumis à l’accumulation sédimentaire (source : Géoconfluences).

[28] Le territoire maritime de la France, avec 11 millions de km², est au deuxième rang mondial derrière celui des États-Unis. Au total, elle a des frontières maritimes avec trente pays. La France est par exemple particulièrement attachée à la ZEE offerte par l’île de Clipperton, qui lui offre un espace maritime équivalent à 80% de la totalité de son territoire terrestre ainsi qu’une zone particulièrement riche en thonidés et en nodules polymétalliques.

[29] Le golfe de Gascogne pourrait, par exemple, relever de la ZEE de la France comme de celle de l’Espagne.

[30] Cf. E. Pfimlin, « Pékin avance ses pions en mer de Chine méridionale », Le Monde, 24 novembre 2014

[31] Par exemple, golfe d’Aden-côtes somaliennes, détroit de Malacca, golfe de Guinée.

[32] Cf. https://globalfishingwatch.org/

[33] 50 % de la production mondiale des produits de la mer.