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Sommaire

I. LE BILAN MATÉRIEL, HUMAIN ET MORAL DU CONFLIT
A. UN CONFLIT MEURTRIER
B. UN BILAN MATÉRIEL CONTRASTÉ
C. LE POIDS MORAL DU CONFLIT
CONCLUSION
II. RÉPARER LE MONDE
A. ÉTAT ET SOCIÉTÉ : LES BASES DE L’ÉTAT-PROVIDENCE
B. RÉPARER LES RELATIONS INTERNATIONALES : L’ONU, UN NOUVEAU CADRE POUR LA PAIX
1. Naissance et objectifs de l’ONU
2. Les rouages de l'organisation
3. Un directoire des puissances
C. UN NOUVEL ORDRE ÉCONOMIQUE MONDIAL
1. Le système monétaire international de Bretton Woods
2. Le GATT
III. LES NOUVELLES TENSIONS : DÉBUT DE L’AFFRONTEMENT DES DEUX SUPERPUISSANCES ET CONFLITS AU PROCHE-ORIENT
A. LES DÉBUTS DE LA GUERRE FROIDE
1. La fin de la grande Alliance
2. L'année 1947 : un tournant
3. Vers un monde bipolaire
Conclusion
B. CONFLITS AU PROCHE-ORIENT
1. Aux origines de l’État israélien
2. La guerre civile palestinienne
3. Le conflit israélo-arabe
Conclusion : une paix impossible

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Manuel p.107-145

Introduction

Chronologie p.118- En 1945, l'annonce des capitulations allemande et japonaise déclenche des manifestations de joie dans le monde entier. Mais l'ampleur des souffrances, des pertes humaines et des destructions matérielles fait prendre conscience à l'humanité qu’un seuil de violence inédit a été franchi.

Ainsi, les puissances victorieuses de la Grande Alliance espèrent faire de l'année 1945 l'année zéro d'une nouvelle ère fondée sur la paix mondiale, la sécurité collective et la prospérité. La création de l'Organisation des Nations unies en juin 1945 témoigne de cette volonté de coopération internationale et devait constituer le pilier du nouvel ordre mondial à venir.

Cependant, l'alliance entre les Etats-Unis et l'Union soviétique se fissure rapidement et leur rivalité idéologique débouche sur la bipolarisation du monde dès 1947.

Comment, malgré l’espoir d’une paix fondé sur la sécurité collective, le monde bascule-t-il vite dans la guerre froide entre les États-Unis et l’URSS ?

I. Le bilan matériel, humain et moral du conflit

Cours 1 p.122-123.
Le monde en 1945 : l’espoir d’un nouvel ordre international (A-B)

A.    Un conflit meurtrier

Un bilan chiffré de la Seconde Guerre mondiale p122- Avec un nombre total de décès évalué entre 50 et 70 millions de morts, la Seconde Guerre mondiale apparaît comme le conflit le plus sanglant de l'histoire. Il fait autant de victimes civiles que de victimes militaires, décime des populations entières dont la plupart n'ont aucun rapport avec les nécessités de la guerre, en particulier les millions de victimes du système concentrationnaire. L’Europe est le continent le plus atteint, particulièrement à l'Est, où la conquête et l'occupation allemande se sont montrées les plus dures. L'Union soviétique, soumise à l'occupation de la Wehrmacht et aux exactions des SS, dénombre 25 millions de morts (dont 16 millions de civils), soit plus de 10% de sa population. Un pourcentage qui atteint 15% pour la Pologne, avec 6 millions de morts. En Yougoslavie, la guerre de libération fait 1,5 million de morts, dont 1,2 de civils. Les pertes sont moins élevées en Europe occidentale : quelques dizaines de milliers d'hommes pour la Belgique, les Pays-Bas et la Norvège ; 600 000 morts en France, dont 330 000 civils (déportés, fusillés, victimes des bombardements) ; 330 000 soldats et environ 80 000 civils du côté italien. Six millions d'Allemands disparaissent dans le conflit, dont 3 millions de soldats qui ont surtout péri à l'Est. En Asie, on évalue les pertes chinoises à une vingtaine de millions d'hommes et celles du Japon à 2 millions, dont 700 000 civils.

Aux pertes directes militaires et civiles, s’ajoute l'augmentation de la mortalité « naturelle ». À cet égard, la sous-alimentation a produit des effets négatifs durables sur la population[1], en faisant progresser tuberculose, rachitisme, etc. Autant d'éléments qui se répercutent sur l'économie et la société : la diminution de la main-d’œuvre freine la production -en pleine période de reconstruction. Nombreux sont les Français pour qui, aujourd'hui encore, les « privations » servent de point d'ancrage aux souvenirs de guerre.

Carte p.120-121. L’Europe au sortir de la Seconde Guerre mondiale- La guerre a par ailleurs déclenché de vastes transferts de population : on évalue à 30 millions le nombre de personnes « déplacées » durant le conflit. Certains transferts naissent d'un réflexe de peur face à l'avance d'une armée ennemie[2], mais les mouvements les plus amples relèvent de décisions prises au cours de la guerre. Ainsi, la « colonisation » allemande a repoussé 3 millions de Polonais de Posnanie dans le Gouvernement général et 70 000 Tchèques des Sudètes. En Union soviétique, tandis que Staline disperse à l'Est Tatars, Tchétchènes, Estoniens et Lituaniens et plus d'un million de Polonais, ce sont près de 600 000 personnes, originaires de Bessarabie, de Transylvanie et de Carélie, qui doivent chercher refuge hors des frontières de l'Union soviétique.

En 1944-1945, ce sont près de 11 millions de réfugiés qui fuient l'avance inexorable de l'Armée rouge, chassant devant elle Prussiens, Poméraniens et Silésiens.

B.    Un bilan matériel contrasté

Bombardements, sabotages, tactique de la « terre brûlée », longs affrontements armés se sont soldés par de lourdes pertes matérielles. Hormis le cas japonais, c'est l'Europe qui connaît, là encore, le bilan le plus lourd. En Union soviétique, ce sont 70 000 villages et 1 700 villes qui sont détruits. On estime à 80% les destructions des moyens de transport et de l'équipement scientifique et industriel de la Pologne, tandis que la Yougoslavie perd plus de 60% de son potentiel agricole et la moitié de son cheptel.

En France, seul le Sud-Ouest a été à peu près épargné. Partout ailleurs, on déplore la destruction de nombreux quartiers urbains, tandis que la quasi-totalité de l'infrastructure portuaire est mise hors d'état, ainsi que 8 000 km de canaux sur 9 000. Près de 300 000 bâtiments d'habitation sont détruits complètement (1 sur 22). Sur 83 000 kilomètres de voies ferrées, 37 000 ont été endommagés, ainsi que 10 000 ponts. Le parc ferroviaire est réduit au quart des effectifs de 1938. En France, les Allemands ont démonté des installations industrielles pour les transférer en Allemagne, réquisitionné les productions industrielles (automobiles notamment), prélevé des millions de tonnes de charbon, de produits alimentaires, etc.

Partout en Europe se sont constituées des commissions de « réparations » chargées de dresser les statistiques des dommages subis. Ce conflit a interrompu les relations entre États, diminué la production industrielle et agricole. La sous-alimentation qui perdure accentue la faible productivité de la main-d'œuvre. À elles seules, les dépenses militaires de la guerre s'élèvent à 1 100 milliards de dollars et les dommages provoqués à plus de 2 000 milliards. Le recours à l'emprunt et l'inflation persistante ont pour conséquences une hausse des prix et un endettement qu'il sera difficile de juguler.

La « guerre d’anéantissement » conduit à un abaissement du niveau de vie de la population et à une chute de la production en Europe. Toutefois, certains pays bénéficient du formidable effort de guerre : l’industrie de guerre aboutit à un véritable boom économique au Canada et aux États-Unis où le problème du chômage, consécutif à la grande crise des années 1930, est totalement résorbé. Reste que la plupart des pays doivent opérer une reconversion pour revenir à une économie de paix. Mais pour ceux qui se sont appauvris durant le conflit, c'est un immense effort de reconstruction qui s'impose pour retrouver une certaine prospérité.

L’économie française est étranglée. Les estimations chiffrées pour la réfection du seul réseau routier se montent à 20% du budget de l'État pour 1945. La disette de charbon paralyse la sidérurgie. Le pays s'installe avec aigreur dans la pénurie, ne comprenant pas pourquoi le retour à la paix ne signifie pas le retour à l'abondance. Autant d'éléments qui précipitent la crise sociale.

Occupée par les Alliés, surpeuplée, soumise à l'inflation et à une pénurie critique, l'Allemagne s'effondre. La reprise est rendue difficile par le manque de matières premières, l'exode des populations, le manque de main-d'œuvre, l'arrêt de toute circulation et l'effondrement de l'administration. La surpopulation aggrave encore la situation surtout à l'Ouest. La famine et le danger d'épidémies menacent.

Au total, en 1945, tant en Europe qu'en Asie, les pôles de la richesse et de la puissance ne sont plus ceux de 1939.

C.    Le poids moral du conflit

Le conflit écoulé s'est manifesté par une « stratégie de la terreur », en Europe comme en Asie -Sanko Sakusen : vocabulaire p.123 + Dossier p.126-127 : Nuremberg et Tokyo, deux procès pour l’Histoire. Si, entre Allemands et Occidentaux, le traitement des prisonniers de guerre s'est trouvé conforme aux conventions de Genève, ces dernières n'ont pas été respectées par les Allemands à l'égard des Soviétiques, agonisant dans des camps à ciel ouvert. Inauguré par les Allemands (Blitz londonien), le bombardement systématique des villes culmine dans la destruction de Dresde et l'apocalypse d'Hiroshima et Nagasaki. Un paroxysme est toutefois atteint par l'Allemagne nazie dont les camps d'extermination restent le symbole de la dégradation de la conscience humaine -Crime contre l’humanité -Vocabulaire p.123. La science elle-même s'est mise au service des génocides : si les savants atomistes s'effraient, après coup, de l'apocalypse nucléaire, aucun remords ne semble avoir effleuré les « médecins de la mort » qui se sont livrés, dans les camps d'extermination, à des expériences monstrueuses sur des « cobayes humains », ni les ingénieurs chimistes inventeurs du « Cyclone B » employé dans les chambres à gaz.

Le choc moral de la guerre aboutit à un désir de renouveau mais aussi à l'exacerbation des antagonismes. Dans les pays occupés, la population s'est trouvée divisée entre collaborateurs et résistants. Les seconds répondent, par une justice parfois expéditive, aux dénonciations et aux épurations des premiers. Quand l'Armée rouge pénètre en Allemagne, viols et pillages accompagnent la reconquête. Partout règne une ambiance de guerre civile. Lasse de cinq années de contraintes et de restrictions, les populations aspirent à un mode de vie moins austère. Fureur de vivre, quête de morales et de certitudes nouvelles s'imposent d'autant plus que le désarroi est grand, notamment chez les intellectuels qui s'interrogent sur les conditions de l'existence humaine, tant sociales que morales.

Conclusion

En 1919, l'Europe a commencé à perdre sa prééminence économique et culturelle. La puissance américaine, la montée du Japon, etc. ont commencé à déplacer les pôles de la croissance et du prestige. Autant d'éléments convergents qui se précisent en 1945. Ruinée, dévastée, l'Europe est hors d'état de jouer, désormais, le rôle qu'elle tenait autrefois. Elle va être relayée par les deux pays qui apparaissent en 1945 comme les véritables vainqueurs de la guerre : les États-Unis et l'Union soviétique. Au total, les pôles de puissance et de décision se trouvent totalement inversés par rapport à l’avant-guerre : des puissances géantes et des économies de grands espaces (nées ou à naître) en grande partie extra-européennes, se substituent à des États moyens et tous européens[3].

En 1945, le monde apparaît profondément bouleversé. Des bases matérielles et culturelles se sont écroulées et la psychologie collective se remet mal de la révélation soudaine des holocaustes. On passe très vite de la certitude de la victoire aux incertitudes, voire aux angoisses de la paix.

II. Réparer le monde

Cours 1 p.122-123. Le monde en 1945 : l’espoir d’un nouvel ordre international (C)

A. État et société : les bases de l’État-providence

À l’issue de la Seconde Guerre mondiale, France, Italie et Grande-Bretagne connaissent un nouvel élan de la vie démocratique. Les travaillistes en Grande-Bretagne, des coalitions progressistes issues de la résistance et incluant les communistes en France et en Italie, impulsent des réformes qui présentent des caractéristiques communes : élargissement des droits politiques, conception plus « sociale » de la démocratie à travers l’affirmation d’un État-Providence[4] -Vocabulaire p.42 constituent un nouveau « contrat » entre gouvernants et gouvernés -doc.3 p.125. Une nouvelle république sociale.

En effet, la sortie de la Seconde Guerre mondiale fut marquée en Grande-Bretagne par l'avènement d'une « démocratie sociale », poussée plus loin que dans les autres grandes nations européennes. En juillet 1945, entre la défaite de l’Allemagne et celle du Japon, le Parti travailliste remporta les élections et Clement Attlee devint Premier ministre. Entre 1945 et 1951, débute une transformation profonde du pays. Plus de 20% de l'économie fut nationalisée, mais la victoire du Parti travailliste s’explique surtout par la popularité du rapport Beveridge. Aussi le nouveau Premier ministre se lança-t-il immédiatement dans la construction de l’État-Providence :

  • La loi sur l’assurance nationale (1946) accorda des allocations de chômage et de maladie à tous les adultes et des pensions de retraite (à 65 ans pour les hommes et à 60 ans pour les femmes).
  • La loi sur l'assistance nationale (1948) établit des aides pour les personnes âgées et handicapées et attribua des allocations aux personnes non couvertes par l’assurance nationale.
  • La loi sur les accidents du travail (1946) créa un système national de dédommagement.
  • Enfin la loi sur le service national de santé (NHS) de 1946 institua un système de santé où tous les soins médicaux et dentaires étaient gratuits, et nationalisa les hôpitaux.

Les réformes menées en Grande-Bretagne étaient à l'époque observées avec le plus grand intérêt par les autres pays ouest-européens et perçues comme une réponse possible à l’attraction que pouvait exercer le modèle soviétique sur certaines couches de la population. En France, la volonté de rupture qui anime la classe politique issue de la résistance intérieure et extérieure se manifeste bien entendu vis-à-vis de Vichy et de ses responsables, mais aussi à l'encontre des anciennes élites de la IIIème République. C’est le CNR -Vocabulaire p.102, dans son programme adopté dès 1944, qui pose les bases de l’État-providence français -PDP#12. Le 15 mars 1944 : le programme du CNR. Au sein du gouvernement d’union nationale dirigé par le général de Gaulle, l'accord se fait sur la nécessité de refonder la légitimé républicaine, en proclamant de nouveaux droits politiques et sociaux et en mobilisant, au profit de la nation, les forces productives essentielles[5]. Doc.1 p.124. Le programme du CNR + doc.2 p.124. La révolution sociale : un combat de la Résistance- C'est ce programme qui est mis en œuvre à travers les ordonnances instaurant le vote des femmes et la sécurité sociale -doc.4 p.125. La Sécurité sociale.

Si cet élan est porteur d'espérances, au sein des partis et de la classe politique, la vie quotidienne de la population reste dominée jusqu’en 1947-1948 par des difficultés matérielles dans un contexte de pénurie et de rationnement[6].

Aux États-Unis, les bases de l’État-Providence remontent au New Deal de Roosevelt. La sortie de guerre (août 1945) est marquée par quelques turbulences liées à la conversion de l’économie de guerre en économie de paix (courte récession, inflation, grèves records en 1946, etc.), mais bien plus modérées qu’en 1919-1920. Les mesures sociales les plus spectaculaires sont à mettre sur le compte du « GI Bill of Rights » de 1944 : accès favorisé aux emplois publics, emprunts garantis, prêts bonifiés, études supérieures subventionnées.

B. Réparer les relations internationales : l’ONU, un nouveau cadre pour la paix

 1.     Naissance et objectifs de l’ONU

S'il est vrai que la « grande alliance », scellée durant la guerre, ne dépasse guère l'année 1946, il reste que, durant les années 1945 et 1946, nombreux sont ceux qui nourrissent, à travers la mise en place de l'ONU, l’espoir (l’illusion ?) d'une paix durable. Discutée lors des grandes conférences interalliées du temps de guerre, l'idée, chère à Roosevelt, d'une organisation internationale pour la paix aboutit à la création de l'ONU (Organisation des Nations unies) : en effet, la conférence de San Francisco réunie à partir du 25 avril 1945, élabore la charte des Nations Unies, signée le 25 juin par les représentants des 51 États fondateurs. Ce texte comporte 19 chapitres et 112 articles. Le « préambule » de la charte énonce les principes sur lesquels doit reposer le nouvel ordre international. Il s'agit d'abord de « préserver les générations futures du fléau de la guerre qui deux fois en l'espace d'une vie humaine a infligé à l'humanité d'indicibles souffrances » -doc.1 p.128. Les objectifs des Nations unies.

Doc.2 p.128. Pour un véritable gouvernement mondial- Mais au but fondamental de cette organisation que l'on voudrait plus efficace que la défunte « Société des Nations », à savoir le maintien de la paix et de la sécurité entre les nations -Sécurité collective : vocabulaire p.123, s'ajoutent d'autres objectifs : la défense des « droits de l'homme », l'affirmation de l’égalité entre les nations, entre les sexes, le souci de favoriser le progrès économique et social, le respect de la justice, de la tolérance, du droit des peuples à disposer d’eux-mêmes, etc. Plus contraignante que la SDN, la charte permet à la communauté des États membres de s'opposer à toute guerre[7], les oblige à participer aux actions décidées et surtout elle prévoit la création d'une force militaire formée de contingents des différents pays membres de l'organisation. Autrement dit, ses principes se trouvent érigés en lois internationales valables pour tous. Seules échappent à la compétence de l'ONU les « affaires intérieures des États », ce qui per mettra à nombre de ses membres d'éviter toute sanction dès lors que les violations porteront sur les droits de l'homme, la répression des luttes sociales ou la rébellion des peuples colonisés.

 2.     Les rouages de l'organisation

Doc.3 p.128. Le fonctionnement de l’ONU- L'ONU comprend trois grands organes politiques ayant leur siège à New York :

  • L'Assemblée générale réunit en sessions ordinaires (tous les ans de septembre à décembre) ou extraordinaires les délégués de tous les États membres, lesquels disposent chacun d'une voix. Sa compétence s'étend à tous les domaines évoqués dans la charte. Elle prend ses décisions à la majorité des deux-tiers pour toutes les questions de fond (paix et sécurité, admission de nouveaux membres, etc.).
  • Le Conseil de sécurité est l'organe exécutif responsable du maintien de la paix. Les États-Unis, l’Union soviétique, le Royaume-Uni, la Chine[8], la France) en sont membres permanents et disposent d'un droit de veto. Les grandes puissances victorieuses conservent le leadership qu’elles ont exercé pendant la guerre[9]. Les membres non permanents, au nombre de 6 (10 à partir de 1966), sont élus pour deux ans par l'Assemblée générale. Le Conseil peut intervenir par des recommandations dans le règlement des différends entre les États. En cas de conflit ou d'agression, il peut prendre des mesures comportant ou non l'emploi des forces armées.
  • Le secrétariat constitue une vaste machine administrative (5 000 fonctionnaires internationaux) dont le financement est assuré par les contributions des États membres. À sa tête, le secrétaire général est élu par l'Assemblée générale.

Il existe également, reliées à l'ONU par l'intermédiaire du Conseil économique et social, des institutions spécialisées de coopération intergouvernementale dans les domaines non politiques. Les plus importantes sont le Fonds monétaire international (FMI -Vocabulaire p.123) et la Banque internationale pour la reconstitution et le développement (BIRD -Vocabulaire p.122[10]), chargés en principe de favoriser la coopération économique et monétaire entre les États. La FAO (Food and Agricultural Organization), chargée entre autres d’aider les États membres à élever le niveau de vie de leurs populations. L'UNESCO entend « contribuer au maintien de la paix et de la sécurité en resserrant par l'éducation, la science et la culture la collaboration entre les nations afin d'assurer le respect universel de la justice, de la loi, des droits de l'homme et des libertés fondamentales pour tous ». On citera encore l'Organisation internationale du travail (OIT), l'Organisation mondiale de la santé (OMS), etc.

 3.     Un directoire des puissances

Au-delà des grands principes de la charte, l'ONU apparaît dès sa fondation comme le reflet du nouveau rapport de force international. Les vaincus en sont provisoirement exclus et les 5 grandes puissances victorieuses y occupent un rang prépondérant. L'existence de ce « directoire des puissances » est certes un facteur de stabilité (si l'entente se maintient entre elles[11]), mais elle est en même temps un moyen d'asseoir leur hégémonie et de servir leurs intérêts. La part prise d'emblée par les États-Unis[12] et dans une moindre mesure l'Union soviétique[13] mais aussi l'extension rapide du recrutement à l'Amérique latine, à l'Asie, bientôt à l'Afrique, marquent une différence profonde avec la SDN : l'Europe a cessé d'être au centre des relations internationales et l’installation du siège de l'organisation mondiale à New York est à cet égard hautement symbolique.

C.    Un nouvel ordre économique mondial

Pour sortir du chaos des lendemains immédiats de la guerre, il fallait mettre sur pied de nouvelles institutions capables de rétablir un ordre international stable et durable, y compris d’un point de vue commercial. Dès 1941, dans la charte de l'Atlantique, les Alliés avaient tenu à réaffirmer contre le nazisme les grands principes de liberté en matière de navigation, de transactions internationales et d'accès aux sources de matières premières. Ils souscrivaient ainsi, au moins formellement, aux thèses libérales particulièrement répandues aux États-Unis selon lesquelles le dirigisme protectionniste des années 30 avait engendré les tensions qui conduisirent inéluctablement à la guerre. En effet, l'énorme production nationale réclame de vastes marchés extérieurs aussi ouverts que possible pour s'écouler sans heurts, le risque d’une surproduction étant toujours redouté depuis les crises de 1921 et de 1929.

En 1945, ces principes libéraux bénéficient de l’influence dominante des États-Unis et coïncident en même temps avec les intérêts bien compris de l'économie américaine, et conduisent à une réorganisation monétaire et commerciale à l’échelle du monde capitaliste.

1. Le système monétaire international de Bretton Woods

Le système monétaire international (SMI) -Le fonctionnement du SMI p.123 est défini à Bretton Woods en juillet 1944 à partir d'un plan présenté par le représentant américain White. Reprenant la pratique du Gold Exchange Standard, il préconise le retour dans les meilleurs délais à la libre convertibilité de toutes les monnaies entre elles et avec le dollar, devise clé du nouveau système que les responsables américains s'engagent à convertir en or sur la base de 35 dollars l'once. La libre convertibilité conditionne effectivement la reprise du commerce international tandis que la référence à l'or privilégie la seule monnaie gagée par la possession de réserves importantes de métal précieux. L'accord de Bretton Woods instaure parallèlement un régime de parités fixes entre les monnaies du système, avec tolérance d'une marge de fluctuation réduite à plus ou moins 1% de la parité déclarée, discipline qui constitue une garantie contre les fluctuations excessives, génératrices de risques de change insupportables.

Un Fonds monétaire international (FMI) est créé pour gérer le nouveau système et veiller au respect des règles établies à Bretton Woods. Chaque pays membre y verse un quota (un quart en or et trois quarts en monnaie nationale) proportionnel à son importance économique et en contrepartie duquel il pourra obtenir ensuite une aide en devises pour équilibrer sa balance des paiements. L'importance des quotas versés détermine l'influence de chacun des membres dans les votes du FMI, ce qui avantage donc les plus puissants d'entre eux. Le Fonds peut autoriser les dévaluations dont le taux excède 10% ; il décide les augmentations de quotas ; il aide les pays en difficulté sous condition d'un rétablissement rapide de leurs équilibres fondamentaux par une saine gestion.

Pour les responsables américains, il s'agit essentiellement de préserver la parité-or du dollar, donc de maintenir une relation raisonnable entre les réserves de Fort Knox et la masse des billets verts en circulation, tâche qui ne paraît pas très compliquée, au moins au début de la période. Pour les gestionnaires des devises périphériques, les choses paraissent moins simples. Ils doivent en effet restaurer les conditions économiques d'un retour à la convertibilité externe de leur monnaie, objectif qui ne pourra être atteint qu'au terme d'une dizaine d'années d'efforts -doc.2 p.129. Le rôle des États-Unis dans le SMI.

2. Le GATT

Le General Agreement on Tariffs and Trade (GATT) constitue le second pilier de la libéralisation des relations économiques. Limité à un simple accord signé à Genève en 1947 par la vigilance du Congrès américain hostile à toute organisation par trop contraignante, il préconise le désarmement douanier dans le respect de la réciprocité des avantages consentis, selon le principe déjà ancien de la clause de la nation la plus favorisée. Les pratiques commerciales déloyales telles que le dumping sont condamnées mais souvent difficiles à démasquer ; d'ailleurs le GATT tolère de nombreuses dérogations et clauses de sauvegarde pour tenir compte des situations économiques particulières qui justifient fréquemment des mesures de protection. Il s'agit donc avant tout d'un cadre de négociation fondé sur un code de bonne conduite, suffisamment souple pour susciter dès sa création l'adhésion de 23 pays assurant ensemble 80% du commerce mondial.

III. Les nouvelles tensions : début de l’affrontement des deux superpuissances et conflits au Proche-Orient

Cours 2 p.132-133. La montée des tensions en Europe et au Proche-Orient

A. Les débuts de la guerre froide

1. La fin de la grande Alliance

L'effondrement de l'Axe et l'épuisement de l'Europe ont laissé face à face les deux grands vainqueurs de la guerre : États-Unis et Union soviétique[14]. L'Angleterre, bien qu'elle ait fortement contribué à la victoire, est terriblement affaiblie et va devoir se décharger très vite sur l'Amérique de ses responsabilités mondiales. La France, libérée mais exsangue, doit consacrer toutes ses forces vives à sa reconstruction et à la reprise en main de son empire. La Chine, épuisée par sept ans de guerre et d'occupation japonaises, s'apprête à basculer dans la guerre civile. Pendant quelque temps, on peut croire que les deux « Grands » vont s'entendre pour réorganiser le monde. De fait, les années 1945-1946 ont vu les dernières manifestations de l'Alliance que sont la conférence de Yalta -Dossier p.130-131. Yalta, de la réalité au mythe, l'adhésion de l’Union soviétique à la charte de l'ONU, la signature de traités de paix entre les vainqueurs et les alliés de l'Allemagne (Finlande, Italie, Roumanie, Hongrie, Bulgarie), et le Procès de Nuremberg (nov. 1945-oct. 1946)[15].

Mais les nécessités de la lutte contre un ennemi commun ayant disparu, les rivalités s’exacerbent et l’alliance se fissure. Bref, entre les alliés la confiance ne règne pas. La volonté de Staline de constituer un glacis autour de l'Union soviétique est évidente. La Pologne, où l’influence soviétique élimine systématiquement l'influence occidentale, en fait les frais et cette affaire provoque les premières frictions graves entre Moscou d'une part, Washington et Londres de l'autre. Des deux côtés, le temps est au durcissement. Quand le 5 mars 1946, Winston Churchill, qui n'est plus Premier ministre, évoque dans son discours de Fulton (Missouri) « le rideau de fer qui, de Stettin dans la Baltique à Trieste dans l'Adriatique, est descendu sur notre continent » -doc.2 p.134. Le « rideau de fer », il désigne clairement le danger qui menace le monde : l’Union soviétique. En ajoutant qu'il ne croit pas que la Russie désire la guerre, mais les fruits de la guerre et une expansion illimitée de sa puissance et de sa doctrine, il en appelle à la vigilance et au renforcement des nations occidentales.

Côté étatsunien, le passage à la défiance est symbolisé par la démission du secrétaire d'État, James Byrnes, favorable à la poursuite des négociations avec les Soviétiques. Son successeur, nommé le 9 janvier 1947, est le général Marshall, ancien commandant en chef des troupes américaines en Chine.

2. L'année 1947 : un tournant

Pour le Royaume-Uni, ruiné par la guerre et soucieux de rendre ses engagements compatibles avec ses possibilités financières, c'est l'heure de la relève[16]. Il limite donc ses perspectives mondiales, et s’engage dans la décolonisation. Pour les États-Unis, attachés par tradition à ne pas s'engager hors d'Amérique, en particulier en Europe[17], et tentés par un nouveau repli après une guerre dont ils sortent la nation la plus puissante du monde, l'heure des responsabilités internationales est arrivée.

Dossier p.134-135. Les « déclarations » de guerre froide- C'est dans ces conditions que, le 12 mars 1947, le président Truman déclare au Congrès que les Etats-Unis sont prêts à prendre le relais des Britanniques en Grèce et en Turquie et lui demande donc de voter des crédits : « Le moment est venu de ranger les États-Unis d'Amérique dans le camp et à la tête du monde libre. » Truman franchit ainsi le pas qui mène son pays de l'isolationnisme traditionnel à la direction du monde occidental. À la « doctrine Truman » et à sa politique de containment -Vocabulaire p.132, répondra la « doctrine Jdanov ».

3Vers un monde bipolaire

Le plan Marshall -Vocabulaire p.132 est la première traduction concrète du rôle de « leader du monde libre » que les États-Unis entendent désormais jouer. Le 5 juin 1947, George Marshall propose aux Européens, dans une allocution à Harvard, une aide collective pour quatre ans, à charge pour eux de s'entendre sur sa répartition. Ce plan doit assurer le relèvement économique de l'Europe, favoriser leur coopération et donc augmenter leur résistance au communisme -et en même temps permettre à l'économie américaine de maintenir sa prospérité. En principe, la proposition s'adresse aussi à l'Europe de l'Est, y compris l'Union soviétique, qui rejette l’offre -doc.3 p.135.Le plan Marshall vu par les Soviétiques : seuls seize pays occidentaux, réunis à Paris en juillet 1947, acceptent l'offre américaine -Carte 1 p.134. L’aide américaine du plan Marshall.

L'Union soviétique en effet dénonce le plan Marshall comme une manifestation de l'impérialisme américain. La politique extérieure de l'URSS est fondée sur une obsession de la sécurité[18], d’où sa volonté d'étendre sa zone d'influence sur toute l'Europe centrale et orientale[19]. Ces démocraties populaires -Vocabulaire p.132 signent avec l'Union soviétique et entre eux des traités prévoyant des mécanismes d'assistance, tandis que la liquidation des partis non-marxistes s'accélère -PDP#13 p.136-137. 25 février 1948 : le « coup de Prague ». C’est dans cette logique que doit être comprise la création du Kominform[20] en septembre 1947, par les représentants des partis communistes de neuf pays européens[21] : il s'agit de resserrer les rangs autour de l'URSS. La situation particulière de l’Allemagne et de Berlin symbolise cette bipolarisation, notamment au moment du blocus de Berlin (1948-1949) -Carte p.133. L’Allemagne en 1945-1949.

Conclusion

Appliqué aux relations internationales de l'époque contemporaine, le terme « guerre froide » -Le sens des mots p.134 a fait son apparition aux États-Unis dès le début de 1947, sous la plume du financier Bernard Baruch. Popularisé par le journaliste Walter Lippman, il a été aussitôt repris en Europe par les médias et par les représentants de la classe politique pour caractériser les rapports entre l'Est et l'Ouest : à savoir des rapports conflictuels entre des acteurs du jeu international dont l'objectif est d'assurer leur domination ou leur sécurité par l'emploi de tous les moyens dont ils disposent (intimidation, propagande, conquête du champ idéologique et culturel, subversion, guerres locales menées à la périphérie, par clients interposés), à l'exception de l'affrontement direct et généralisé.

B. Conflits au Proche-Orient

PDP#14 p.138-139. La naissance de l’État d’Israël

1. Aux origines de l’État israélien

L’État d’Israël est proclamé le 14 mai 1948, mais ce n’est pas une création ex nihilo : cette proclamation vient conclure un long processus qui remonte aux premières entreprises sionistes –Sionisme : vocabulaire p.133 de la fin du XIXème siècle.

Au lendemain de la Seconde Guerre mondiale, la question de la Palestine se pose avec une acuité nouvelle. À la suite du génocide des Juifs d'Europe, la solution palestinienne est de plus en plus évoquée pour envisager l’avenir des rescapés des camps, au moment où la Grande-Bretagne vit une fin de mandat SDN difficile -Évolution de la population en Palestine p.133.

En effet, la Grande-Bretagne, puissance mandataire -Vocabulaire p.133 depuis la fin de la Première Guerre mondiale, maintient sur la Palestine une domination de type colonial sans parvenir à trouver un accord entre Juifs et Arabes. Dans ces conditions, les uns comme les autres se radicalisent :

  • Côté arabe, la répression du soulèvement des années 1930 a disloqué la classe politique, laissant le terrain à des groupes plus radicaux.
  • Côté sioniste -Vocabulaire p.155, le mouvement est de plus en plus dominé par l'action des groupes armés, comme l'Irgoun et le groupe Stern.

Dans l’impasse, les Britanniques maintiennent les mesures de contingentement de l'immigration juive. Or, en ce lendemain de Seconde Guerre mondiale, les communautés juives comme les mouvements sionistes insistent sur la solution palestinienne. Londres n’a plus les moyens de mener une politique indépendante[22] et ses orientations sont désormais tributaires des États-Unis. Aux États-Unis, le nouveau président, Harry Truman[23] prend parti pour un État juif en Palestine[24], malgré les réserves d’une partie de son administration[25].

En Palestine, les organisations sionistes clandestines armées (par exemple, l’Irgoun) intensifient leur action, notamment par des attentats[26]. La violence s'installe entre les Britanniques et la population juive : arrestations et condamnations à mort des combattants juifs, prises d’otage et exécutions de soldats britanniques… Londres décide alors de remettre la gestion du dossier palestinien aux Nations unies (18 février 1947). Le 28 avril 1947, une assemblée générale extraordinaire de l'ONU crée une commission d'enquête, l'UNSCOP, qui se rend sur place et remet son rapport le 31 août 1947. Ce rapport propose l’abolition du Mandat et un partage de la Palestine en trois États : un État arabe et un État juif, qui accéderaient à l'indépendance dans un délai de deux ans, et un État de Jérusalem sous tutelle internationale -doc.4a p.139. 1947, le plan de partage de l’ONU. L’URSS comme les États-Unis cautionnent le plan[27].

La Grande-Bretagne, estimant qu'elle n'a plus les moyens de maintenir sa présence, décide (20 septembre 1947) d'évacuer unilatéralement la Palestine, sans procédure de transfert de pouvoirs. Le retrait définitif est prévu au 15 mai 1948. L'Agence juive fait savoir qu'elle accepte le plan de partage, tandis que les Arabes palestiniens le refusent avec le soutien de la Ligue arabe -Vocabulaire p.132.

Le plan est finalement approuvé le 29 novembre 1947 par l'Assemblée générale des Nations unies[28]. Les Arabes ressentent le partage comme une injustice et une violation du droit à l'autodétermination. Des violences éclatent, notamment dans la région de Jérusalem (grève générale décrétée par les Arabes, attaque des quartiers juifs, représailles des groupes sionistes radicaux). Les autorités britanniques laissent le pays s'enfoncer dans la guerre civile.

2. La guerre civile palestinienne

Les forces arabes palestiniennes comptent environ 8 000 combattants mal coordonnés, formés au terrorisme urbain et à des actions de guérilla paysanne. Les forces sionistes sont deux à trois fois plus nombreuses, mieux équipées et mieux organisées.

Le plan Dalet préconise l'élimination des forces hostiles présentes dans la partie juive ainsi que dans les zones qui pourraient être annexées. Cela implique la destruction de nombreux villages arabes et l'expulsion de leurs populations, voire leur élimination[29]. Les opérations débutent en avril 1948, au fur et à mesure des départs des forces britanniques. La fin de l'ordre public mandataire et la fuite des populations arabes -doc.2 p.138. Le départ des Arabes de Palestine rendent l’intervention des États arabes voisins inévitable.

3. Le conflit israélo-arabe

Doc.1 p.138. La naissance de l’État d’Israël- Le 14 mai 1948, l'État d'Israël est officiellement proclamé par Ben Gourion, sans limite territoriale précise. Le lendemain, l'Égypte, la Syrie, la Jordanie, le Liban et l'Irak lui déclarent la guerre. Les forces arabes comptent 24 000 hommes, contre 30 000 Israéliens. Leur faiblesse vient de leur absence totale de coordination et des méfiances profondes envers les intentions des uns et des autres[30].

L'ONU envoie un médiateur suédois chargé de rétablir la paix, le comte Bernadotte. Il obtient un cessez-le-feu effectif le 11 juin 1948, et propose un plan de paix[31], puis un autre[32], tous deux refusés par les deux parties. Les belligérants ont profité de la trêve pour se renforcer, mais la supériorité matérielle de Tsahal est désormais écrasante, notamment avec l'apparition de l'aviation. Quand le 8 juillet, les armées arabes rompent la trêve, les Irakiens, les Syriens puis les Égyptiens sont tour à tour repoussés.

Conclusion : une paix impossible

Les négociations d'armistice débutent à Rhodes durant l'automne 1948. Quatre armistices distincts découlent des négociations bilatérales qui s’y tiennent.

La commission de conciliation de l'ONU décide, en marge de ces négociations, de réunir les différentes parties à Lausanne, pour traiter essentiellement de la question des réfugiés arabes palestiniens : en effet, la mise en œuvre du plan Dalet et la guerre ont mis sur les chemins de l’exil 800 000 Arabes palestiniens[33] -doc.3 p.139. Deux histoires pour une seule terre, mais aussi des modifications territoriales. Doc.4b p.139. 1948-1949, la première guerre- Israël déclare que son territoire est désormais celui du plan de partage, plus les conquêtes de la guerre, et que les lignes d'armistice doivent être considérées comme des frontières internationales. Dans ces conditions, la conférence de Lausanne s'achève sur un échec.

Les lignes d'armistice sont immédiatement le théâtre d’affrontements. La question de Jérusalem n'ayant pas été réglée, la commission de conciliation propose, en août 1949, la division de la ville en deux zones démilitarisées et un contrôle international sur les affaires communes. Le projet est immédiatement refusé par Israël et la Jordanie, qui annexe la Cisjordanie et Jérusalem-Est[34].

Conclusion

Synthèse p.140-141

Sujets bac p.142-145


[1] En 1943, les hommes adultes, en France, ont reçu 1115 calories par jour, soit 46% des besoins normaux (2400 calories).

[2] Cf. l'exode des civils français fuyant devant l'armée allemande en 1940, celui des Allemands repoussés par l'Armée rouge en 1944-1945

[3] Aussi, dès la fin du conflit, cette grandeur perdue conduit-elle à l'idée d'union européenne.

[4] …et la nationalisation de certains secteurs de l’économie.

[5] Nationalisation des secteurs stratégiques : la production énergétique (création d'EDF-GDF, des Charbonnages de France), les banques et institutions de crédit, ou les transports aériens et maritimes.

[6] L'aide financière (plan Marshall) apportée par les États-Unis aux pays d'Europe occidentale procède d'une stratégie économique- retrouver des partenaires commerciaux - mais surtout politique - prévenir la déstabilisation des démocraties que pourrait engendrer la détérioration des conditions de vie de la population.

[7] …et pas seulement aux guerres « illicites ».

[8] La Chine nationaliste (Taïwan) jusqu’en 1971, puis la République populaire de Chine (Chine continentale).

[9] L'Union soviétique redoute, par ailleurs, que l'on utilise contre elle une majorité de petites nations clientes des Etats-Unis. À Yalta, Staline a déclaré qu'il était prêt à se joindre aux États-Unis et à la Grande-Bretagne pour sauvegarder les droits des petites puissances mais qu'il n'accepterait jamais de voir soumis au jugement des petites, les actes des grandes puissances.

[10] Aujourd’hui intégrée à la Banque mondiale.

[11] Une fois dissoute la « Grande Alliance » du temps de guerre, la règle de l'unanimité au Conseil de sécurité risque de mener à la paralysie du système. C’est ce qui se produira pendant la guerre froide.

[12] …qui domine les institutions spécialisées comme la BIRD et le FMI.

[13] ...qui dispose à la fondation de l’ONU de trois voix à l’Assemblée générale.

[14] Pour beaucoup d’historiens, il n’y a pas deux mais un seul grand vainqueur, les États-Unis

[15] Cf. Thème 1, Chapitre 3.

[16] Des troubles secouent la Turquie directement menacée par les visées de Moscou sur les détroits de la mer Noire et sur certains districts frontaliers. En Grèce, depuis 1946, des maquis communistes (principaux acteurs de la résistance grecque aux nazis) s'opposent au gouvernement royaliste d'Athènes soutenu par les Britanniques, qui y maintiennent 40 000 hommes.

[17] Il s’agit de la tradition isolationniste, qui découle de la « doctrine Monroe » (1823)

[18] Néanmoins, la menace est réelle : à l’hostilité fondamentale du monde capitaliste, s’ajoute la vulnérabilité soviétique à une éventuelle attaque atomique américaine.

[19] Allemagne de l'Est, Pologne, Tchécoslovaquie, Hongrie, Yougoslavie, Albanie, Bulgarie et Roumanie.

[20] Cf. doctrine Jdanov. Le Kominform, organe de liaison entre partis communistes, succède au Komintern, dissous en 1943 du temps de la « Grande Alliance ».

[21] URSS, Pologne, Yougoslavie, Bulgarie, Roumanie, Hongrie, Tchécoslovaquie, Italie, France.

[22] Alors qu'elle accorde l'indépendance à l'Inde, elle doit laisser 80 000 hommes stationner dans ce Mandat grand comme un département français. Elle vient de transférer la gestion des dossiers turc et grec aux États-Unis, et l'opinion britannique ne supporte plus les pertes humaines causées par les attentats sionistes.

[23] Vice-président de F. D. Roosevelt, il lui succède à son décès en avril 1945.

[24] Il n'est en outre pas question pour lui d'ouvrir le territoire américain à l'émigration des Juifs d'Europe.

[25] La diplomatie américaine y est hostile car elle veut ménager les pays arabes en raison de l’enjeu pétrolier.

[26] Cf. l’attentat de l’Irgoun au King David de Jérusalem, 22 juillet 1946 (92 morts).

[27] En plein déclenchement de la guerre froide (doctrine Truman, plan Marshall), l'accord des Etats-Unis et de l'URSS sur la question de Palestine constitue un événement unique.

[28] Pour s’assurer de la majorité des deux tiers des voix à l’Assemblée générale de l’ONU, les États-Unis exercent des pressions économiques sur les États d'Amérique latine, ainsi que sur les Européens, dans la dépendance américaine pour leur reconstruction.

[29] Cf. massacre du village de Deir Yassin, 9 avril 1948

[30] Sous la pression américaine, un embargo sur les ventes d'armes est immédiatement mis en œuvre pour l'ensemble de la région, mais l'URSS envoie des armes à Israël via la Tchécoslovaquie. La supériorité israélienne est très vite écrasante.

[31] La Cisjordanie serait annexée à la Jordanie, une union économique établie entre Israël et la Jordanie, Jérusalem resterait arabe et Haïfa deviendrait un port franc.

[32] En août, le médiateur des Nations unies propose un nouveau plan qui prévoit l’internationalisation de Jérusalem, le retour des réfugiés et des échanges de territoires entre Israéliens et Arabes favorisant la formation de blocs géographiques plus homogènes.

[33] De ces exils naît la notion de Nakba, encore très sensible aujourd’hui, et un ensemble de litiges autour du droit au retour des réfugiés. À découvrir sur le site de France-Culture et dans cet article du journal Le Monde.

[34] C’est à cette occasion que la Transjordanie devient la Jordanie.

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