Sommaire
I. LE RAYONNEMENT DE LA FRANCE DANS LE MONDE
A. INFLUENCE POLITIQUE ET DIPLOMATIQUE
B. RAYONNEMENT CULTUREL
C. PUISSANCE ÉCONOMIQUE
II. UNE INÉGALE ATTRACTIVITÉ DANS LA MONDIALISATION
A. L’ATTRACTIVITÉ DE LA FRANCE
B. UNE INÉGALE INTÉGRATION
1. Des métropoles au cœur de l’attractivité du pays
2. Des territoires plus ou moins en marge de la mondialisation
Manuel p.156-183
Introduction
La France affirme sa place dans la mondialisation, d’un point de vue diplomatique, militaire, linguistique, culturel et économique. Elle entre en rivalité avec les autres pays et cherche à consolider ses alliances. La France maintient son influence à l’étranger via son réseau diplomatique et éducatif, des organisations culturelles, scientifiques et linguistiques (instituts français, Organisation internationale de la francophonie, Louvre Abu Dhabi, lycées français à l’étranger...), mais également à travers les implantations de filiales d’entreprises françaises. Elle attire sur son territoire, plus particulièrement à Paris et dans les principales métropoles, des sièges d’organisations internationales, des filiales d’entreprises étrangères, des manifestations sportives et culturelles aux retombées mondiales, des touristes…
Quelles sont les spécificités territoriales du rayonnement et de l’attractivité de la France dans la mondialisation ?
I. Le rayonnement de la France dans le monde
La France rayonne à différentes échelles dans les domaines économique, politique et culturel et peut donc influencer de nombreux territoires.
A. Influence politique et diplomatique
La France a le troisième réseau diplomatique (ambassades et représentations dans les instances multilatérales) du monde -Repère 2 p.158. Nombre d’ambassades dans le monde. Elle a hérité de son passé de grande puissance une influence politique et diplomatique mondiale, comme en témoigne son statut de membre permanent du Conseil de sécurité de l’ONU[1]. La France est le sixième État contributeur au budget ordinaire des Nations unies ainsi qu’au budget des opérations de maintien de la paix.
La France est également une puissance militaire importante, dotée d’une force de dissuasion nucléaire indépendante et d’une réelle capacité de projection -Définition p.166. L’armée française est présente à l’étranger par ses bases, sa flotte et par les missions qu’elle effectue sous mandats internationaux -doc.3 p.171. Les engagements militaires français. L’aide publique au développement est aussi, en plus d’un effort de solidarité avec les pays en retard de développement, une manière d’affirmer son influence géopolitique : en 2018, la France est, en volume, le cinquième donateur mondial (0,43% de son RNB) -Repère 5 p.158. Aide publique au développement.
Inférieure aux engagements pris devant la communauté internationale, la politique de l’APD française reçoit néanmoins des critiques et va connaître des évolutions[2].
B. Rayonnement culturel
Le rayonnement culturel de la France s’appuie sur des valeurs qui se veulent universelles dont la référence symbolique est la Déclaration des droits de l’homme et du citoyen de 1789[3], mais qui sont également présentes dans l’action humanitaire de certaines ONG de renommée mondiale comme Médecins Sans Frontières. La culture française rayonne également par la production littéraire, intellectuelle, cinématographique ou artistique. Des institutions comme le Louvre ou le Centre Pompidou ouvrent des musées à l’étranger. Plus largement, l’art de vivre à la française -Actugéo p.167. Un art de vivre à la française, le luxe, la gastronomie participent à son soft power -Notion en schéma p.166.
La France est aussi présente sur tous les continents par sa langue -Carte 3 p.171. La langue française dans le monde + Dossier p.172-173. La langue française, vecteur du rayonnement international de la France. Bien que le français ait tendance à régresser face aux langues autochtones et à la montée de l’anglais comme langue de communication mondiale, on dénombre 300 millions de francophones dans le monde selon l’Organisation internationale de la Francophonie (OIF), qui regroupe 88 États. La francophonie est à la fois un ensemble de locuteurs et un projet institutionnel porté par des États. La langue française occupe une place particulière dans le monde : cinquième langue mondiale par le nombre de locuteurs, elle est défendue par un ensemble d'acteurs qui utilisent différents leviers pour lui conserver son rang. Une institution comme l'Organisation internationale de la Francophonie n'a pas d'équivalent. Ces institutions sont aussi des relais de « puissance douce » pour un État comme la France, le premier État francophone par le nombre de locuteurs[4].
96 Instituts français, des centaines d’établissements scolaires (souvent prestigieux) assurent la diffusion de la langue et de la culture françaises dans le monde, ainsi que, dans une certaine mesure, 1,8 millions « d’expatriés » -Repère 1 p.158. Les Français de l’étranger.
Outre cet acteur central, d’autres vecteurs contribuent à la diffusion de la langue et de la culture française, par exemple l’audiovisuel avec RFI, TV5 Monde et France 24, ou de prestigieuses institutions telles que la Sorbonne ou le Louvre Abu Dhabi.
B. Puissance économique
En 2018, la France est la sixième puissance économique mondiale par le PIB, le septième exportateur mondial de marchandises, le quatrième pour les services, et le troisième émetteur mondial d’investissements directs à l’étranger (IDE) -Définition p.168 + Repère 6 p.159 après les États-Unis et la Chine.
D’importantes firmes françaises s’implantent dans de nombreux autres pays et apparaissent comme très compétitives au sein de la mondialisation à l’instar de Total, Areva, Veolia, L’Oréal, Kering, LVMH, Bouygues ou Vinci -Repère 3 p.158. Nombre d’entreprises dans le top 500 mondial.
Malgré ces points forts, la part de la France dans le commerce mondial régresse depuis 20 ans -Repère 4 p.158. Commerce mondial de marchandises. Elle est peu présente sur les marchés émergents, son commerce est avant tout tourné vers l’Europe -Carte 1 p.170. Les exportations françaises dans le monde, zone de faible croissance et ses exportations reposent sur un petit nombre de grandes entreprises. Le commerce extérieur français est lourdement déficitaire (60 milliards d’euros en 2018).
II. Une inégale attractivité dans la mondialisation
Ce rayonnement se double d’une forte attractivité dans ces mêmes domaines et à différentes échelles.
A. L’attractivité de la France
Sur le plan politique et diplomatique, la France accueille le siège de nombreuses institutions internationales (UNESCO, OCDE, Organisation internationale de la vigne et du vin, Parlement européen, Interpol, ITER, Parlement européen…)
Sur le plan culturel, les grandes écoles et universités -Repère 7 p.159. Nombre d’étudiants étrangers dans le monde, attirent de nombreux étudiants étrangers : la France se place en troisième position derrière les États-Unis et le Royaume-Uni. Héritage historique, 40% de ces étudiants proviennent du continent africain.
La qualité des infrastructures permet l’accueil de grandes expositions, d’évènements politiques internationaux (COP21 en 2015)[5] ou de manifestations sportives majeures (Championnat d’Europe des nations en football en 2016, Jeux Olympiques en 2024 -Dossier p.174-175. Paris : ville olympique en 2024).
Elle permet également aux métropoles d’attirer les entreprises étrangères, qui bénéficient en outre d’une main-d’œuvre qualifiée. Attirer les entreprises étrangères -Actugéo p.169. Le groupe allemand Knauf s’installe en Moselle, c’est recevoir des IDE : la France est la huitième destination mondiale des flux d’IDE. Ainsi, les filiales d’entreprises étrangères emploient plus de 13% des salariés, assurent plus de 30% des exportations du pays, et génèrent 20% de la R&D (Recherche et Développement). Les capitaux étrangers détiennent en 2019 45%[6] du capital des entreprises du CAC 40 -Lexique p.316.
Cette attractivité ne concerne pas seulement les métropoles. Des espaces ruraux agricoles, notamment les vignobles de renom et les espaces de grandes cultures, sont aussi très intégrés à la mondialisation, tout comme les nombreux territoires touristiques.
En effet, en plus de son accessibilité, un riche patrimoine contribue à faire de la France une destination touristique privilégiée : patrimoine artistique et culturel (musées, monuments…), mais aussi naturel et immatériel. La France est la première destination touristique mondiale avec près de 90 millions de visiteurs étrangers en 2018 -Repère 8 p.159. Les pays les plus touristiques du monde[7]. Elle se situe au 3ème rang mondial en termes de recettes, derrière l'Espagne et les Etats-Unis (55,5 milliards d'euros en 2018). La consommation touristique atteint 7,4% du PIB français en 2018.
C. Une inégale intégration
La France est donc, à l’échelle mondiale, fortement intégrée à l’espace mondialisé. Cependant, à plus grande échelle (échelle infranationale), on observe que les territoires français n’y sont pas intégrés de manière homogène.
1. Des métropoles au cœur de l’attractivité du pays
Les métropoles et les régions métropolitaines sont les lieux privilégiés de réception des flux de capitaux comme des flux humains[8]. Elles bénéficient de leur position centrale dans les réseaux de transport et de la concentration des fonctions métropolitaines -Notion en schéma p.168.
L’Île-de-France, une attractivité mondiale
Étude de cas p.160-163. L’Île-de-France, une attractivité mondiale
a. La France des métropoles
Cf. programme de géographie de première : Chapitre 2, thème 1[9].
1. Des territoires plus ou moins en marge de la mondialisation
À contrario, à l’image de ce qui a pu être observé à l’échelle mondiale, certains territoires français restent globalement plus à l’écart de la mondialisation, faisant preuve de peu de rayonnement et d’attractivité.
Les outre-mer français
La France ultramarine constitue un espace emblématique des processus de marginalisation par la distance :
- Ces terres souffrent d'un éloignement certain.
- Elles ont presque systématiquement une structure en archipel, ce qui ajoute aux surcoûts de transport liés à l'insularité[10].
La colonisation avait mené à une nette spécialisation de l'agriculture tropicale[11] pour fournir le marché métropolitain, mais cette agriculture souffre aujourd’hui de la concurrence des pays voisins, aux coûts de production plus faibles. Bien sûr, le tourisme se développe mais là encore les pays voisins offrent des prestations plus luxueuses ou bien moins onéreuses. D’où une forte dépendance vis-à-vis de l’État central. Conscient de l'intérêt stratégique qu'il peut tirer de ces « confettis d'empire », l'État dépense pour ses territoires ultramarins des sommes considérables (investissements, sursalaires des fonctionnaires, avantages fiscaux…), mais qui ne permettent pas un développement économique réel et entretiennent au contraire une dépendance délétère à la métropole[12].
Si les outre-mer français apparaissent bien comme des marges peu intégrées à l’espace national et à la mondialisation, l'extrême diversité économique et statutaire des outre-mer français invite néanmoins à différencier des périphéries plus ou moins intégrées et des marges délaissées.
b. Les espaces montagnards
Les montagnes forment un deuxième type d'espace de la France des marges. Ces espaces excentrés sur le territoire national du fait de leur accessibilité difficile, sont caractérisés par leurs milieux relativement peu artificialisés et leurs modes de mise en valeur qui repose pour partie sur la protection. Si l'on ajoute à l’altitude élevée et à la vigueur des pentes la position frontalière de plusieurs massifs français, et non
des moindres (Alpes et Pyrénées en tête), leur localisation parfois ultramarine, les risques liés à l'instabilité des versants, les conséquences de l'exode rural des XIXe et XXe siècles et la reconquête forestière, alors les marginalités socioéconomiques, voire culturelles et politiques, semblent caractériser ces espaces[13].
Toutefois, si le Massif central figure aujourd’hui parmi les régions les moins peuplées, les moins productives et les moins intégrées à la mondialisation, la marginalité des espaces montagnards reste non seulement relative, mais même réversible.
c. Les espaces ruraux
Exercice : la diagonale des faibles densités- Le géographe Roger Béteille évoquait en 1981 une « France du vide », marquée par un net déclin démographique. Les friches agricoles, l'abandon du bâti, la progression forestière semblaient constituer des preuves paysagères. Les perspectives économiques se faisaient rares, et les faibles densités[14] étaient interprétées comme signe indiscutable de marginalité. Ainsi se dessine une diagonale des faibles densités (plutôt qu’une « diagonale du vide »[15]), qui prend le pays en écharpe des Ardennes aux Pyrénées, en passant par le Morvan, le plateau de Millevaches et la majeure partie du Massif central. D'autres espaces présentent des caractéristiques comparables : l'intérieur breton, les collines de Normandie, l’Indre, les intérieurs montagneux de Corse et d'outre-mer relèvent aussi de cette catégorie.
En réalité, les chiffres montrent plutôt un arrêt de l'exode rural depuis 1970 et un « renouveau des campagnes françaises », avec des installations résidentielles toujours plus nombreuses, plus diffuses, plus variées en termes de catégories de populations, tout particulièrement à proximité des villes, et même des grandes villes[16].
d. Banlieues « sensibles » et périurbain subi
Les banlieues « sensibles », souvent réduites aux quartiers de grands ensembles d'habitations à loyers modérés (HLM) datant de l'après-guerre, cumulent les processus de marginalisation socioéconomiques, culturels et politiques. La concentration spatiale des fragilités sociales dans les quartiers prioritaires définis par la politique de la ville est nette, comme le montre l'Observatoire des inégalités en 2016[17].
Dans quelle mesure la vie à l'écart de l'urbanité est-elle signe de marginalité ? Il existe assurément un périurbain choisi. Certaines populations relèvent néanmoins du périurbain subi, et les coûts moindres du logement sont vite compensés par des coûts de transport accrus dans ces espaces où une fine desserte en transports en commun n'est pas rentable et où les emplois sont souvent concentrés dans les centres urbains.
Conclusion
Révisions p.176-177
Sujets bac p.178-183
[1] NB. La France plaide pour une réforme du Conseil de sécurité. Elle défend un élargissement du Conseil de sécurité dans le cadre des négociations sur ce thème à l’Assemblée générale. Elle soutient ainsi l’accession à un siège permanent de l’Allemagne, du Brésil, de l’Inde, et du Japon, ainsi qu’une présence plus importante des pays africains au Conseil de sécurité, notamment parmi les membres permanents. En outre, la France a proposé en 2013 un encadrement du recours au veto en cas d’atrocités de masse sous la forme d’un engagement collectif et volontaire des membres permanents.
[2] Cf. https://theconversation.com/aide-au-developpement-la-france-peut-mieux-faire-141745
[3] Dans le domaine des droits de l’Homme, la France a inspiré la Déclaration universelle des droits de l’homme, signée à Paris le 10 décembre 1948. La France continue de se battre aujourd’hui pour leur respect dans le monde tant par son rôle moteur au sein du Conseil des droits de l’Homme que par son action au Conseil de sécurité. La France est particulièrement engagée sur l’abolition universelle de la peine de mort, les détentions arbitraires et les disparitions forcées, le respect des droits des femmes, la lutte contre l’enrôlement d’enfants-soldats, la lutte contre les discriminations fondées sur l’orientation sexuelle et l’identité de genre. Elle a également contribué à la création de la Cour pénale internationale dont elle a été l’un des premiers États à ratifier le statut. Néanmoins, cela n’empêche pas la France d’être rappelée à l’ordre par le Conseil des droits de l’homme de l’ONU, comme récemment.
[4] Cf. http://geoconfluences.ens-lyon.fr/informations-scientifiques/articles/francophonie
[5] Ces évènements, tout comme les nombreux congrès internationaux, sont à l’origine d’un tourisme d’affaires -Définition p.168 particulièrement compétitif.
[6] Il arrive d’ailleurs que des entreprises étrangères prennent le contrôle d’entreprises françaises : en 2014, le secteur énergie d’Alstom est devenu américain (General Electric), et en 2015, le Club Med est passé sous capitaux chinois.
[7] Elle bénéficie de sa position de carrefour en Europe occidentale, d’où l’importance du tourisme de transit.
[8] La France a une longue tradition de terre d’accueil. La population française a été façonnée par des vagues successives d’immigration, mais la France n’est plus un pays de destination privilégié au sein du système migratoire international.
[9] À consulter à cette adresse.
[10] Les 118 îles de la Polynésie française, dispersées sur une superficie équivalente à celle de l'Europe, constituent un cas extrême.
[11] Canne à sucre et banane de la Martinique ou vanille de la Réunion, par exemple…
[12] NB. La précarité sociale (taux de chômage au minimum deux fois supérieur à celui de la métropole), les tensions migratoires (35% d'étrangers en Guyane, 40% à Mayotte), la marginalité culturelle (héritages de la colonisation et de l'esclavage non soldés, sociétés extrêmement fragmentées et pas seulement entre natifs et métropolitains), la jeunesse de la population, la délinquance, alimentent une instabilité chronique.
[13] NB. Les montagnes les plus hautes (Alpes, Pyrénées) ne sont pas forcément les plus marginales : par exemple, les montagnes corses et ultramarines sont les plus faiblement peuplées et mises en valeur.
[14] Inférieures à 25 habitants/km² (14 pour la Lozère).
[15] L'espace n'est pas vide, et surtout la diagonale s'interrompt autour de Toulouse et tout au long de la Garonne. Le terme de « diagonale du vide » a eu une importante diffusion, y compris dans la création musicale, avec des artistes comme Bertrand Burgalat ou François Marchet.
[16] Les communes rurales gagnent des habitants jusqu'à 50 km de Toulouse, Bordeaux ou Lyon ! Au-delà, en revanche, quand les centralités urbaines sont trop petites ou trop éloignées, loin des littoraux ou des grands axes de transport, les campagnes stagnent, voire se dépeuplent, ce qui est particulièrement net dans les régions en difficulté du Nord-Est et du centre de la France.
[17] Le taux de pauvreté (correspondant à un revenu représentant moins de 60% du revenu médian des Français) y est de 42% contre 16% pour les agglomérations qui abritent ces quartiers, le taux de chômage de 27%, l'état de santé des personnes parfois alarmant (Cf. https://www.inegalites.fr/Ces-quartiers-ou-plus-de-la-moitie-de-la-population-est-pauvre). À voir également, un documentaire « Brut. » sur un quartier sensible de Marseille.