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Sommaire

INTRODUCTION
I. LA DÉMOCRATIE ATHÉNIENNE ET LE « MOMENT PÉRICLÈS »
A. NAISSANCE D’UNE DÉMOCRATIE… ET D’UN EMPIRE
B. L’ŒUVRE DE PÉRICLÈS : RENFORCEMENT DE LA DÉMOCRATIE… ET DE L’EMPIRE
C. LA DÉMOCRATIE À L’ÉPREUVE DU « GRAND HOMME »

II. L’EMPIRE ROMAIN
A. LE PRINCIPAT D’AUGUSTE ET LA NAISSANCE DE L’EMPIRE ROMAIN
1. À l’échelle de Rome, affirmation du modèle augustéen
2. À l’échelle de l’Empire, le rôle des cités
Conclusion
B. CONSTANTIN, EMPEREUR D’UN EMPIRE QUI SE CHRISTIANISE ET SE RÉORGANISE TERRITORIALEMENT
1. Réformer l’Empire
2. Adopter le christianisme
Conclusion

Manuel p.28-59

Introduction

Ce chapitre vise à rappeler que l’Antiquité méditerranéenne est le creuset de l’Europe. La démocratie athénienne et l’empire romain ont tous deux incarné des modèles de domination et de civilisation dans le cadre politique de la cité antique, et sont devenus pour les époques postérieures des références fondatrices. Cette longue postérité a donné lieu à des lectures plurielles, qui reflètent le plus souvent des préoccupations propres aux époques des commentateurs -par exemple :

  • L’image du « siècle de Périclès » comme moment de plénitude développée aux XVIIIe et XIXe siècles essentiellement en Allemagne[1].
  • L’image d’un empire romain décadent à partir de sa christianisation développée par Voltaire dans le contexte anticlérical des Lumières,

Il est donc important de distinguer ce que l’on sait de ces périodes et les représentations qui en sont issues.

Comment, dans la Méditerranée antique, des modèles politiques et culturels d’une grande postérité se sont-ils affirmés et quelles caractéristiques en furent retenues ?

I.  La démocratie athénienne et le « moment Périclès »

Cours 1 p.32-33. La démocratie athénienne dans le monde grec- Apparue au VIIIe siècle av. J.-C., la cité (polis) -Vocabulaire p.32 constitue une nouvelle forme d’organisation politique et territoriale qui se diffuse rapidement dans tout le bassin méditerranéen. Au début du Ve siècle av. J.-C., le monde grec est composé d’un millier de cités indépendantes les unes des autres, dotées de régimes politiques divers, souvent rivales, mais unies par la langue et les cultes. Parmi elles, Athènes invente à partir de la fin du VIe siècle la première démocratie de l’histoire, qui connaîtra son apogée au Ve siècle au temps de Périclès. Pour désigner ce Ve siècle athénien les historiens parlent d’un « moment Périclès »[2].

Comment Athènes associe-t-elle, avec Périclès, l’instauration d’une démocratie et le développement d’un empire territorial ?

A.    Naissance d’une démocratie… et d’un Empire

Au moment où naît Périclès, vers 494 av. J.-C., Athènes s’est libérée depuis peu de la domination de ses tyrans -Vocabulaire p.33. Le réformateur Clisthène pose à partir de 508 av. J.-C. les bases d’une démocratie -Histoire de mots p.33 qui s’épanouit au cours du Ve siècle. -Chronologie p.38.

PDP#1 p.38-39. Périclès et la démocratie athénienne- On connaît peu de choses de la jeunesse de Périclès, sinon qu’il est un descendant de Clisthène[3], et qu’il grandit au rythme des guerres médiques[4]. Si la première guerre médique, en 490, peut se résumer à la bataille de Marathon, remportée à la surprise générale par les hoplites athéniens, la seconde (490-479) a été un affrontement de grande ampleur, marqué par l’invasion, par terre et par mer, de la Grèce continentale par les forces perses, qui s’emparent d’Athènes en 480. Mais alors que la défaite semble inévitable, menée par le stratège Thémistocle, la flotte grecque détruit la flotte perse en 480 av. J.-C. dans le détroit de Salamine, près d’Athènes -doc.1 p.42. L’essor de la puissance navale athénienne.

Après la seconde guerre médique, Athènes prend en 478 av. J.-C. la tête d’une alliance visant à empêcher le retour des Perses : la ligue de Délos -Vocabulaire p.42. Mais celle-ci se transforme en instrument au service des Athéniens qui taxent les cités alliées sous prétexte de les défendre contre les Perses.

B.    L’œuvre de Périclès : renforcement de la démocratie… et de l’Empire

À partir de 463 av. J.-C., et pendant une trentaine d’années, Périclès joue les premiers rôles dans la cité[5]. C’est sous son impulsion que les magistratures les plus prestigieuses sont ouvertes aux citoyens les plus pauvres. C’est encore à son initiative que sont mises en place les premières indemnités de participation à la vie civique, les misthoi[6] : de formelle, la démocratie devient réelle. C’est également Périclès qui lance une politique de grands travaux, dont l’érection du Parthénon, entre 447 et 438 av. J.-C., reste la manifestation la plus éclatante -doc.4 p.39. Périclès et l’embellissement d’Athènes. Enfin, il fait achever la construction des Longs Murs qui reliaient la ville à son port, Le Pirée -doc.2 p.42. Ports et fortifications d’Athènes, et développe la flotte de guerre -doc.3 p.43. La flotte, instrument et manifestation de la puissance navale.

Périclès a aussi défendu les intérêts athéniens dans la ligue de Délos -car démocratisation interne et impérialisme externe sont deux processus conjoints. Et quand, en 454 av. J.-C., il fait transférer le trésor fédéral sur l’Acropole, les Athéniens peuvent y puiser à leur guise pour leur propre usage. Face au mécontentement de certains alliés, Périclès réprime sans état d’âme les soulèvements : l’Eubée en 446 av. J.-C. et Samos, entre 441 et 439 -Carte 1 p.30. L’empire athénien et ses adversaires au Ve siècle av. J.-C. Au-delà de ces révoltes ponctuelles, la cité démocratique affronte également l’hostilité de Sparte et de ses alliés : la guerre du Péloponnèse éclate en 432 av. J.-C. Grâce à leur supériorité sur les mers et leur système de défense, la stratégie élaborée par Périclès permet aux Athéniens de résister à des ennemis pourtant supérieurs en nombre et dotés d’une infanterie redoutable -doc.5 p.39. Périclès contesté au début de la guerre du Péloponnèse. Mais une grave épidémie ravage la cité à partir de 430, emportant Périclès lui-même en 429. Quant à la guerre, elle s’achève par la défaite d’Athènes, en 404 av. J.-C. -doc.5 p.43. La chute de la puissance athénienne.

C.    La démocratie à l’épreuve du « grand homme »

Depuis le XIXe siècle, Périclès est considéré comme l’un des principaux artisans du « miracle grec ». À la tête d’une cité paisible et harmonieuse, il serait le modèle du dirigeant sage et incorruptible, conformément au portrait dressé par l’historien Thucydide -doc.2 p.38. Périclès fait l’éloge de la démocratie athénienne. Toutefois, depuis une cinquantaine d’années, cette vision enchantée a été nuancée. Certes, au temps de Périclès, Athènes fut le lieu d’un intense bouillonnement politique et culturel : la démocratie directe s’affermit durablement, tandis que l’Acropole se couvre de monuments grandioses. Certes également, Platon, puis Aristote y enseignent la philosophie, et de grands concours récompensent les meilleurs auteurs de théâtre comme Eschyle ou Sophocle. Pour autant, ces succès ne sauraient masquer certaines limites du système athénien. La démocratie n’avait que faire des droits de l’homme et ne se souciait que des droits du citoyen : à l’époque de Périclès, la communauté civique demeurait un groupe fermé, dont les esclaves, les métèques et les femmes étaient exclus -Infographie p.33 et qui, en outre, n’hésitait pas à tyranniser ses alliés dans le cadre d’un empire maritime toujours plus hégémonique.

Thucydide assurait, à propos de l’Athènes de Périclès : « C’était de nom, une démocratie, mais en fait, le premier citoyen exerçait le pouvoir ». Mais en focalisant son attention sur un individu comme les sources anciennes l’y invitent, l’historien risque de laisser dans l’ombre le rôle de la collectivité. Faut-il dès lors, au contraire, diluer l’action de Périclès dans celle de 40 ou 50 000 citoyens ? Ce serait une approche réductrice du problème :

  • Périclès pesa indéniablement sur les décisions collectives de la cité, grâce à ses qualités d’orateur. Dans l'Athènes du Ve siècle av. J.-C., la persuasion oratoire jouait un rôle essentiel : les décisions se prenaient à l'Assemblée, à la suite d'une joute rhétorique entre orateurs, tranchée par le vote du peuple. Cet art de persuader, Périclès le maîtrisait au plus haut degré -doc.2 p.38. Périclès fait l’éloge de la démocratie athénienne. NB. Il est souvent dépeint en orateur extraordinaire, mais inquiétant : les sources anciennes n'ont cessé de mettre en scène son pouvoir oratoire presque divin -sans en faire nécessairement l'éloge.
  • En réalité, la vie du « grand homme » révèle avant tout l’influence du démos athénien sur ses dirigeants. Pour exercer le moindre pouvoir, Périclès était contraint de tenir compte des attentes populaires et d’ajuster son comportement en conséquence. Dans la politique intérieure comme dans la politique impériale, Périclès répondait aux attentes populaires. Cette pression démocratique était accentuée par la menace de l’ostracisme -Vocabulaire + doc.3 p.38.

C’est donc précisément l’interaction complexe entre le peuple et ses chefs qui mérite d’être placée au cœur de notre réflexion. C’est à cette condition que l’on peut espérer rendre à Périclès et à la cité toute leur épaisseur historique, et évaluer leur empreinte historique depuis notre XXIe siècle -Passé/Présent p.40-41.

II.  L’Empire romain

A.    Le principat d’Auguste et la naissance de l’Empire romain

Cours 2 p.34-35. La naissance de l’Empire romain et le principat d’Auguste- Au tournant de notre ère, Rome devient un empire monarchique, alors que le gouvernement républicain -Vocabulaire p.34 reposait sur le rejet de la royauté. À l’origine de cette évolution, l’extension de la domination romaine sur tout le pourtour méditerranéen[7] entre le IVe et le Ier siècle av. J.-C. : conçues pour gouverner une simple cité, les institutions républicaines en place depuis 509 av. J.-C. connaissent une crise insurmontable à partir du Ier siècle av. J.-C. En effet, la direction des opérations militaires représente un tel enjeu de pouvoir et de richesse qu’elle entraîne d’incessantes guerres civiles ; César avait l’intuition que la direction d’un empire aussi vaste nécessitait une unité de vue et d’action que seul un régime monarchique permettait. Issu d’une famille prestigieuse, conquérant de la Gaule, il sort victorieux de ces guerres civiles et, associé à Marc Antoine en qualité de consuls -Vocabulaire p.44, il reçoit des pouvoirs exceptionnels (notamment le titre de dictateur à vie -Vocabulaire p.34). Soupçonné d’aspirer à la royauté, il est assassiné par une conjuration de sénateurs -Vocabulaire p.34 en 44 av. J.-C.

Comment Rome répond-elle, avec Auguste, à la contradiction entre un pouvoir fondé à l’échelle de la cité mais qui a pris la tête d’un immense territoire ?

1.     À l’échelle de Rome, affirmation du modèle augustéen

Le triumvirat formé en -43 par Octavien, petit-neveu de César (et adopté par César), Marc Antoine et Lépide[8], vient à bout de Brutus et Cassius, leaders de la conjuration contre César (bataille de Philippes en 42 av. J.-C.), puis se disloque dans un ultime affrontement entre Octavien et Marc Antoine, allié à la reine d’Égypte Cléopâtre -Le saviez-vous p.34 en 31 av. J.-C. à Actium[9].

Les Romains, profondément lassés des guerres civiles, sont soulagés par la victoire d’Octavien, mais ils s’inquiètent du risque de l’instauration d’un régime tyrannique. Mais Octavien manœuvre avec beaucoup d’habileté -doc.1 p.45. La simplicité d’Auguste, en instaurant un pouvoir personnel tout en ménageant les apparences républicaines. Sans rien changer formellement aux institutions républicaines (le Sénat, le consulat …), il installe progressivement un régime de type monarchique. En 30 av. J.-C., il reçoit la puissance tribunicienne[10] des « tribuns de la plèbe », ces élus qui veillaient aux intérêts de la plèbe : il devient ainsi le défenseur du peuple. Honoré pour avoir rétabli la paix, il est surnommé « fils du divin César » -Histoire de mots p.35 + doc.1 p.44. Aureus d’Octave, ce dernier ayant été divinisé après sa mort. En 27, il est nommé princeps senatus, le premier des sénateurs, et il est appelé Augustus, nom revêtant une dimension religieuse (celui dont la parole a force d’augure), ce qui lui donne une autorité morale et un caractère sacré. Le prestige du nouveau maître de Rome est encore accru par les louanges de nombreux auteurs (Virgile, Horace), et par des réalisations monumentales comme le Forum -Vocabulaire p.34, qui porte son nom.

Officiellement, la République reste en place, mais ce ne sont plus les sénateurs ni les consuls qui la dirigent. C’est Octavien lui-même, le « premier » des citoyens (princeps), qui détient l’autorité suprême. Cette autorité, Auguste l’a obtenue du Sénat, en toute légalité. À partir de cette date, on parle de principat -Vocabulaire p.34 pour désigner le gouvernement de l’Empire romain par un seul homme, l’empereur.

2.     À l’échelle de l’Empire, le rôle des cités

L’imperium -Vocabulaire p.44 faisant reposer la légitimité du prince sur ses victoires militaires, les conquêtes se poursuivent, même si leur rythme se ralentit après le principat augustéen qui a vu l’Empire s’étendre jusqu’aux rives du Danube et, pour un temps, jusqu’à celles de l’Elbe -Carte 3 p.31. L’Empire romain d’Auguste à Constantin.

Pour autant, ce n’est ni par la seule puissance des armes ni par des fonctionnaires omniprésents que Rome assure son emprise sur un empire aussi vaste, mais par l’adhésion des populations, à commencer par les aristocraties locales. Assurées de voir leur position dominante maintenue au sein de leurs communautés et séduites à l’idée d’intégrer la société romaine, elles se sont fait les relais du pouvoir central. Le cadre dans lequel ces relais trouvent toute leur efficacité est par excellence celui de la cité -aux yeux des Grecs et des Romains, le cadre idéal de la vie civilisée[11].

Les cités de l’Empire romain gèrent librement leurs affaires à condition de remplir leurs obligations envers Rome, principalement : collecte des impôts, entretien des routes et des relais de la poste impériale, logement des soldats et des fonctionnaires en déplacement, participation au culte impérial. Au fur et à mesure de la conquête, les cités passées sous contrôle romain ont hérité de statuts divers (et évolutifs) :

  • On appelle cités pérégrines celles qui conservent sous la domination romaine leurs institutions, leurs traditions et leur langue. Leurs habitants sont des pérégrins, c’est-à-dire des hommes libres, non-citoyens (même si certains peuvent obtenir la citoyenneté romaine -doc.3 p.46. L’obtention de la citoyenneté romaine en Maurétanie Tingitane).
  • D’autres cités, jugées assimilables, ont reçu le titre de municipe et ont calqué leurs institutions sur le modèle romain[12].
  • À ces cités conquises s’ajoutent les colonies, c’est-à-dire des cités fondées par les Romains là où il n’y en avait pas, par exemple en attribuant des terres aux vétérans démobilisés, en Gaule par exemple avec Narbonne, fondée en 118 av. J.-C., puis Arles, fondée par Jules César en 49 av. J.-C., Béziers, Orange et Fréjus sous le triumvirat, puis Carpentras, Avignon, Aix-en-Provence, peut-être Antibes… Mais aussi en Lusitanie, en Bretagne, en Germanie inférieure (Cologne), en Afrique -doc.4 p.47. Une ville romaine d’Afrique du Nord, Leptis Magna.

Conclusion

Comme le personnage de Périclès, celui d’Auguste -Biographie p.35 a été plusieurs fois relu, tantôt présenté comme un des plus grands hommes d’État de l’histoire, tantôt comme un manipulateur hors pair. Il peut donc être présenté comme celui qui apporte une résolution à la contradiction entre un pouvoir fondé à l’échelle de la cité mais qui s’exerce désormais sur un immense territoire. Il surmonte cette tension en mettant en place un équilibre à plusieurs échelles autour de l’Empire et du modèle de la cité. D’abord à Rome, en respectant les institutions de la république tout en mettant la réalité du pouvoir dans les mains du prince, légitimé par ses victoires et sa richesse, et de sa famille, garants de la stabilité. Ensuite dans l’empire, où le pouvoir passe par les cités, dont les notables sont progressivement associés à Rome, notamment par l’octroi de la citoyenneté, pour servir de relais.

B.    Constantin, empereur d’un empire qui se christianise et se réorganise territorialement

Chronologie p.31 + Cours p.36-37. L’Empire romain, une mosaïque culturelle et religieuse + PDP p.50-51. Constantin, premier empereur chrétien- Constantin (306-337) est également une figure à la riche postérité. Il se trouve au cœur d’une double question, celle de la décadence de l’empire romain et celle de sa christianisation.

Il est question à la fois de rupture et de continuité : d’abord, Constantin poursuit les réformes de son prédécesseur Dioclétien pour adapter l’empire à de nouvelles réalités, notamment une pression de l’extérieur bien plus forte et l’importance croissante de l’Orient. Mais par ailleurs, il incarne une étape décisive dans la révolution intellectuelle qu’est le passage au monothéisme, tout en se maintenant dans les cadres religieux et institutionnels existants, culte impérial -Vocabulaire p.36 compris.

Comment Rome évolue-t-elle, avec Constantin, face aux menaces extérieures et à l’affirmation du christianisme ?

1.     Réformer l’Empire

Après Auguste, les empereurs se succèdent à la tête d’un immense territoire -carte 3 p.31. L’empire romain, d’Auguste à Constantin, qui comprend des milliers de cités. Organisé en provinces, il est doté d’un réseau de voies terrestres et maritimes qui lui confèrent une certaine unité. En 212, cette unité est renforcée par l’édit de Caracalla, qui donne le statut de citoyen à tous les habitants de l’empire (sauf les esclaves), et favorise l’approfondissement de la romanisation -Histoire de mots p.36. Mais le IIIe siècle voit se multiplier les crises et les incursions barbares. Pour préserver la puissance romaine, l’empereur Dioclétien (284-304) met progressivement en place une nouvelle forme de régime politique, la tétrarchie (littéralement « gouvernement à quatre »)[13], dans laquelle le pouvoir est partagé entre deux Augustes (Dioclétien et Maximien) et leurs adjoints, deux Césars (Galère et Constance Chlore), l'Orient et l'Occident étant chacun dirigé par un binôme Auguste-César. Pendant cette période, d’autres réformes marquent durablement l’Empire romain :

  • Les provinces sont fractionnées pour rapprocher le gouverneur (soit un chevalier, soit un sénateur) de ses administrés, afin que les instructions impériales soient mieux appliquées.
  • Dioclétien installe un nouveau niveau administratif : le diocèse, qui regroupe plusieurs provinces.
  • Des curateurs de cités contrôlent désormais l’action des magistrats et des conseillers municipaux.

Après le départ de Dioclétien (304), Constantin, fils de Constance Chlore, et Maxence, fils de Maximien, ouvrent un nouveau cycle de guerres pour le pouvoir. En 312, Constantin écrase Maxence et son armée lors de la bataille du pont Milvius, sur le Tibre, au Nord de Rome. Par cette victoire, Constantin devient le seul empereur en Occident, scellant ainsi la fin de la tétrarchie -Chronologie p.50. Après sa victoire contre Licinius en 324, il devient l’unique empereur, y compris en Orient. Il s’installe à Byzance, qu'il renomme Constantinople -Le saviez-vous ? p.37 et qu'il fait rénover pour en faire la capitale de l’Empire -doc.3 p.50. Constantinople, capitale de l’Empire + doc.5 p.51. La fondation de Constantinople.

Confronté à des guerres le plus souvent défensives, Constantin cherche à protéger l’empire des agressions extérieures et des révoltes internes. Certains corps de troupes, installés dans les villes[14], reçoivent désormais le statut de comitatenses, tandis que les autres, installés dans des camps de provinces frontalières, sont qualifiés de limitanei. La défense du monde romain passe aussi par la diplomatie : par un traité conclu en 332, les Goths du Nord du Danube, sous le statut de fédérés, s’engagent à protéger la frontière et à fournir en cas de besoin des contingents à l’armée impériale, en échange de subsides réguliers. Malgré cela, la conjoncture militaire se dégrade. En effet, les incursions barbares n’ont plus désormais pour seul objectif le pillage : certaines populations s’installent à l’intérieur de l’Empire pour y trouver les ressources qui leur manquent, ainsi que la sécurité face à l’arrivée de nouveaux peuples sur leur territoire. C’est en particulier le cas des Goths, sous la pression des Huns. Quand, en 378, les Huns écrasent l’armée romaine, et tuent au combat l’empereur Valens (!), son successeur, Théodose Ier, doit établir les Goths fédérés à l’intérieur de l’Empire.

En 395, la mort de Théodose scelle la partition de l’Empire romain entre ses deux fils : Arcadius en Orient et Honorius en Occident. En Occident, la politique consistant à confier à des fédérés la défense de l'Empire contre d’autres barbares montre ses limites quand en 410, Alaric, chef des Goths fédérés, pille Rome pendant trois jours. L’installation des barbares en Occident prive l’Empire des revenus qu’il tirait des provinces les plus prospères (Cf. perte de l’Afrique, occupée par les Vandales en 439). Après l’extinction de la dynastie théodosienne en Occident, à la mort de Valentinien III en 455, le pouvoir impérial devient l’enjeu de luttes permanentes, jusqu’à la déposition de Romulus Augustule en 476 par le barbare Odoacre, à la tête de l’armée d’Italie.

2.     Adopter le christianisme

Les récits de la bataille de Milvius (312) laissés par deux lettrés chrétiens, Lactance en latin, Eusèbe en grec, associent la victoire de Constantin à sa conversion au christianisme[15]. Cette victoire se traduit par l’élargissement de la liberté des cultes. Jusqu’alors, les différents peuples de l’Empire étaient, à certaines conditions, libres de conserver leurs traditions religieuses, mais les adeptes des religions monothéistes, juifs puis chrétiens, accusés de nuire à la cohésion de l’Empire et de provoquer la colère des dieux ancestraux de Rome, faisaient l’objet de persécutions -Vocabulaire p.36. La protection des dieux romains supposait en effet l’accomplissement d’un ensemble de rites, comme les sacrifices -Vocabulaire p.36, auxquels juifs et chrétiens refusaient de participer. Constantin et l'empereur d'Orient, Licinius, se rencontrent à Milan en 313, et rédigent ensemble une lettre dans laquelle ils donnent aux chrétiens, au même titre qu'aux autres habitants de l'empire, la possibilité de pratiquer la religion de leur choix. Cette lettre, connue sous le nom d'« édit de Milan », a valeur de loi et doit être proclamée et affichée partout -doc.1 p.50. Le christianisme toléré (313). NB. Cette liberté des cultes concerne tous les citoyens de l'empire, dans un souci d'apaisement. Constantin a lui-même adopté le christianisme dès 312, mais il tient compte du fait que la population de l’empire reste majoritairement païenne. Dans le domaine du culte impérial, il abolit les sacrifices sanglants, mais il est

contraint d’accepter d’autres manifestations et offrandes héritées du paganisme. NB. Le christianisme cohabitera avec les autres religions jusqu’au règne de Théodose (379-395), qui interdit la pratique des autres cultes par l’édit de Thessalonique en 380. Les temples des anciens dieux sont alors progressivement détruits ou transformés en églises -Vocabulaire p.37.

Néanmoins, Constantin use de son pouvoir pour favoriser le développement du christianisme. Ainsi, il entreprend de grands chantiers, d’abord à Rome : construction des basiliques de Saint-Pierre, du Latran et de Saint-Paul-hors-les-murs. Une fois maître de l'Orient en 324, il lance de nouveaux projets en Palestine[16] et à Byzance. Le corps de Constantin repose à Constantinople dans la basilique des Saints-Apôtres, selon son souhait, parmi les apôtres. Autre preuve d'un christianisme actif, en 324, il convoque tous les évêques chrétiens de l'empire au premier concile de l'histoire à Nicée, en Asie Mineure. Il préside ce concile qui a pour objectif de mettre fin à la querelle de l'arianisme sur la définition de la divinité du Christ par rapport à celle de Dieu le Père[17] ; par le vote des évêques, le concile de Nicée condamne l'arianisme comme hérésie.

Conclusion

Chrétien et empereur, Constantin accorde ainsi autant d'importance à l'unité de l'Église qu'à celle de l'Empire romain. Il entendait faire coïncider les deux en les rendant universels, c'est-à-dire, en grec, « catholiques ».

Quant à l’idée d’une décadence, les historiens de l’Antiquité tardive en ont montré les limites, soulignant que le IVe siècle était même plutôt une période de renouveau pour l’Empire romain. Du moins, en accordant un répit à l’Empire romain en Occident, les empereurs soldats des IIIe et IVe siècles ont-ils permis une meilleure assimilation de la civilisation romaine par ses voisins, à l’issue de plusieurs siècles d’échanges, de conflits et de négociations avec les barbares. À la différence de leurs lointains prédécesseurs qui se contentaient de piller et de rapporter leur butin chez eux, les rois barbares installés dans l’Empire au Ve siècle ont été ainsi plus à même de recueillir l’héritage de la romanité et d’opérer la fusion entre leurs troupes et les sujets de l’empire.


[1] … à l’inverse de Jean-Jacques Rousseau, qui voyait en lui l’image de la corruption par le luxe et la richesse.

[2] Autrefois (et parfois encore aujourd’hui), on employait communément l’expression « siècle de Périclès ».

[3] La mère de Périclès, Agaristé, est la nièce du réformateur Clisthène.

[4] Les guerres médiques sont un conflit armé déséquilibré entre une fraction des cités grecques et l’Empire perse : d’un côté, des communautés grecques désunies, comptant tout au plus quelques milliers de citoyens ; de l’autre, l’immense empire perse, gouverné depuis l’actuel Iran, dont la domination s’étendait des rivages de la mer Noire, à l’ouest, jusqu’à l’Afghanistan, à l’est, en passant par l’Égypte au sud.

[5] NB. Toutefois, son autorité ne fut jamais incontestée. Il essuya d’abord les attaques de tous ceux qui, menés par un parent de Cimon, Thucydide d’Alopékè (homonyme de l’historien), s’opposaient à la montée en puissance du peuple (dèmos) dans la cité ; même après l’ostracisme de ce dangereux rival, en 443 av. J.-C., Périclès resta en proie à de virulentes critiques, comme en témoignent les poursuites intentées contre plusieurs de ses proches –le philosophe Anaxagore, sa compagne Aspasie, ou le sculpteur Phidias dans les années 430.

[6] À partir de la fin des années 450, les jurés des tribunaux athéniens furent rétribués de façon à ce que les citoyens les moins fortunés (les thètes) fussent en mesure de siéger lors des procès, sans perdre une journée de travail.

[7] Athènes, par exemple, passe définitivement en 86 av. J.-C. sous domination romaine.

[8] Marc Antoine est consul, collègue de César. Lépide est un général et un homme politique.

[9] Cléopâtre et Marc Antoine se suicident l’année suivante.

[10] Puissance tribunicienne : Pouvoir du tribun de la plèbe lui attribuant le droit de véto sur les actions ou décisions d’un magistrat, et le droit de porter secours à tout citoyen qui le demande.

[11] Les Romains distinguaient deux types de communautés : ciuitas, les communautés organisées en cités ; les autres, gens ou natio (tribu).

[12] On distinguait différents types de municipes. 1/ Dans les municipes de droit romain, tout le corps civique bénéficiait de la citoyenneté romaine. 2/ Dans les municipes de droit latin, seuls les magistrats la détenaient, le reste du corps civique ne possédant que les droits privés des citoyens romains, principalement celui de se marier et de commercer selon la législation romaine.

[13] Pour approfondir : https://odysseum.eduscol.education.fr/la-tetrarchie-de-diocletien-constantin-284-324.

[14] Leur hébergement et leur approvisionnement ont favorisé l’émergence de futures grandes métropoles telles que Londres, Paris, Cologne, Genève, Milan, Thessalonique ou Le Caire.

[15] Selon l'évêque Eusèbe de Césarée, Constantin, avant la bataille, aurait prié le dieu des chrétiens afin de réclamer son aide. C'est alors qu'un signe divin lui serait apparu. Il aurait aperçu un trophée en forme de croix dans le ciel au-dessus du soleil accompagné du texte suivant : « Par ceci sois vainqueur ! » La nuit suivante, le Christ se serait manifesté à Constantin en songe pour lui ordonner de reproduire le signe apparu dans le ciel sur son étendard militaire, soit un X (chi), traversé par le P (rhô), les deux premières lettres grecques du nom du Christ. La fusion de ces deux lettres donna le monogramme du chrisme -doc.4 p.51. Un empereur à la fois romain et chrétien. Vainqueur de Maxence, Constantin aurait alors décidé de n'adorer aucun autre dieu que celui qui lui avait apporté cette vision.

[16] À Jérusalem, le Saint-Sépulcre et la basilique de la Nativité sont imputés à Constantin, à sa mère Hélène et à Macaire, l'évêque du lieu.

[17] Les ariens (du nom d'Arius, prêtre d'Alexandrie) plaçaient le Christ dans une position subalterne par rapport à Dieu.

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